Les damnés des lettres
Promoteurs de la France métissée, de jeunes écrivains dénoncent l’embourgeoisement de la littérature.
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Une aventure littéraire et militante regroupant dix jeunes Français aux identités métissées, reflets de cette France « invisible mais majoritaire » : tel est le projet du collectif « Qui fait la France ? », matérialisé par la sortie d’un recueil de nouvelles, Chroniques d’une société annoncée. Revendiquant une « littérature au miroir », qui embrasserait le réel au lieu de le travestir, ils inscrivent leur démarche aux antipodes de la littérature actuelle, « égotiste, mesquine, exutoire des humeurs bourgeoises ». Les droits tirés du livre serviront à financer des projets de terrain en direction des banlieues.
Karim Amellal se souvient de la genèse du projet : « Nous étions un certain nombre d’auteurs, invités au Sénat, à l’occasion d’une journée d’études peu après les événements d’octobre-novembre 2005. Nous nous sommes rendu compte qu’au-delà de nos différences nous suivions tous le même cheminement. Que nos préoccupations et nos textes se faisaient écho. D’où l’idée du collectif et du livre. »
Les membres de l’association ont des profils extrêmement variés : des forts en thème, comme Karim Amellal justement, diplômé de l’ESCP et de Sciences-Po Paris où il est maintenant responsable du master affaires publiques, ou Mabrouk Rachedi, ancien analyste financier, qui a tout plaqué pour la littérature. Des autodidactes, comme l’ancien boxeur Mohamed Razane ou le rappeur Khalid el-Bahji. Une romancière confirmée, Faïza Guène, 22 ans à peine mais déjà deux livres à son actif, dont Kiffe kiffe demain, l’une des meilleures ventes de 2004.
« Nous ne sommes pas des promoteurs de la diversité, mais de la France telle qu’elle est, poursuit Karim Amellal. Et dont on n’a pas vraiment le sentiment qu’elle intéresse les auteurs actuels. La littérature française fait complètement l’impasse sur la question sociale. » L’ambition de ces Chroniques est de rendre justice aux enfants d’immigrés, aux invisibles, aux méprisés. Et, par la même occasion, de leur donner le goût de la lecture. Ou mieux, celui d’écrire
Chroniques d’une société annoncée, de « Qui fait la France ? », Stock, 270 pages, 17 euros.
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