L’argent des chefs

L’annonce du doublement du salaire du président de la République française a suscité la polémique. Belle occasion de s’intéresser de plus près aux émoluments de ses alter ego à travers le monde.

Publié le 6 novembre 2007 Lecture : 2 minutes.

S’appliquant à lui-même sa désormais célèbre maxime – « travailler plus pour gagner plus » -, le président français Nicolas Sarkozy va prochainement doubler, et même un peu plus, le montant de son salaire : de 8 300 à 19 000 euros brut par mois. Ainsi en ont décidé, le 30 octobre, les parlementaires, suscitant aussitôt les protestations indignées de l’opposition. « Ce n’est pas une augmentation des revenus du chef de l’État, mais une diminution de l’ordre de 15 % à 20 % », lui a répondu Laurent Wauquiez, le porte-parole du gouvernement, faisant allusion à l’interdiction de cumul avec d’autres revenus instituée par la nouvelle loi. Vantant la « transparence » de cet ajustement, Wauquiez a souligné que Sarkozy est loin de figurer parmi les chefs d’État les mieux payés.
Qu’en est-il des Africains ? Pour répondre avec précision à cette question, il faudrait que les chiffres exacts des émoluments présidentiels soient partout disponibles. Las, la transparence n’est pas sur le continent la vertu la mieux partagée. Pourtant, comme en Europe, les parlementaires sont censés fixer annuellement le montant du salaire présidentiel, lors du vote de la loi de finances. Mais, très souvent, des budgets sont alloués à la présidence sans plus de précision sur leur ventilation précise. En Mauritanie, par exemple, dans la rubrique « cabinet du président », 168 640 800 ouguiyas (468 220 euros) sont alloués chaque année aux « salaires ». Dans cette ligne budgétaire, d’autres sommes sobrement baptisées « indemnités » ou « autres rémunérations » laissent à penser que le président dispose d’autres sources de revenu. Au Sénégal, la loi est plus claire : le président Abdoulaye Wade reçoit, chaque mois, 568 000 F CFA (866 euros), hors impôts. Mais le budget mettant d’autres fonds à la disposition du chef de l’État, ce « salaire » ne constitue pas sa rémunération réelle.

Reste qu’il existe quand même des pays africains où le salaire du chef de l’État est clairement défini. Le Kényan Mwai Kibaki gagne ainsi 1 644 euros brut par mois et Anerood Jugnauth, son « collègue » mauricien, 2 974 euros. Pour se rapprocher des standards des pays développés, mieux vaut regarder la feuille de paye du Sud-Africain Thabo Mbeki, de l’Ivoirien Laurent Gbagbo et du Gabonais Omar Bongo Ondimba (voir ci-contre).
En Afrique aussi, cette question provoque parfois la polémique. En décembre 2006, les députés kényans ont ainsi voté le doublement de la rémunération de Kibaki. Par crainte de soulever des protestations à un an de l’élection présidentielle, ce dernier a jugé plus prudent de refuser. Mbeki s’est quant à lui montré moins circonspect. En mars dernier, quand une commission « indépendante » a suggéré d’augmenter de 57 % son salaire, il s’est abstenu de réagir. Ce qui lui a coûté cher : en juin, la quasi-totalité de la fonction publique s’est mise en grève. Devant l’hôpital de Johannesburg, une pancarte donnait le ton des revendications : « 57 % de plus pour le gros riche, 6 % pour les pauvres travailleurs : honte à vous ! » Finalement, le président sud-africain a été contraint de faire passer son envie de gagner plus après celle de ses fonctionnaires, dont la rémunération a augmenté de 9 %.

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