Soudan : malgré la démission de Hamdock, la mobilisation ne faiblit pas
Les manifestations ont repris de plus belle, dimanche 9 janvier, une semaine après le départ du chef du gouvernement. L’ONU appelle à des pourparlers entre les civils et les militaires, qui exercent désormais la totalité du pouvoir.
Une semaine après que le Premier ministre Abdallah Hamdock a présenté sa démission, des milliers de manifestants se sont de nouveau rassemblés, dimanche 9 janvier, dans la capitale soudanaise pour protester contre le coup d’État du 25 octobre dernier. D’autres sont sortis dans les rues d’Omdourman et de Bahri, des banlieues respectivement situées au nord-ouest et au nord de Khartoum, ainsi qu’à Wad Madani, au sud.
« Non, non au régime militaire », ont scandé les protestataires en agitant des drapeaux soudanais, tandis que les forces de sécurité tentaient de les disperser avec des tirs de gaz lacrymogène, comme elles l’avaient déjà fait lors d’autres rassemblements anti-putsch. Depuis le coup de force du général Abdel Fattah al-Burhane, la répression des manifestations a fait au moins 60 morts et des centaines de blessés, selon les médecins liés au mouvement de protestation.
Internet et téléphones coupés
D’après l’ONU, au moins 13 femmes ont été violées et de nombreux journalistes passés à tabac, et parfois même arrêtés, tandis qu’internet et les téléphones ne fonctionnent que selon le bon vouloir du pouvoir. Les autorités nient régulièrement tirer à balles réelles lors des manifestations et affirment que de nombreux membres des forces de sécurité ont été blessés lors des affrontements.
Des médecins en blouse blanche se sont joints dimanche à des rassemblements pour protester contre les forces de sécurité qui ont pris d’assaut des hôpitaux et des installations médicales lors de précédentes manifestations. Samedi, le Comité central des médecins soudanais, affilié au mouvement de protestation, avait déclaré que les médecins se joindraient aux marches et remettraient un mémorandum aux responsables de l’ONU, dénonçant de récentes « agressions commises par les forces du coup d’État ».
Le général Burhane promet des élections en 2023, mais ses promesses sont loin de calmer la rue
La semaine dernière, le Premier ministre et visage civil de la transition avait démissionné à l’issue d’une journée de manifestations meurtrière. Réinstallé dans ses fonctions le 21 novembre dernier après avoir été limogé avec son gouvernement lors du coup d’État du 25 octobre, Abdallah Hamdok a dit prendre acte de son incapacité à faire évoluer la situation dans le bon sens. Depuis, les militaires sont seuls aux commandes. Le général Burhane, qui a prolongé de deux ans son mandat à la tête du pays, affirme que des élections se tiendront en juillet 2023, mais ses promesses sont loin de calmer la rue.
Rejet « complet »
Samedi, l’émissaire de l’ONU au Soudan, Volker Perthes, a annoncé qu’il allait organiser des pourparlers avec « tous les acteurs clés civils et militaires » pour tenter de résoudre la crise. « Il est temps de mettre fin à la violence et d’entrer dans un processus constructif », a-t-il indiqué à propos de ces discussions, qui doivent être officiellement lancées ce lundi.
Les Forces de la liberté et du changement (FLC), fer de lance de la révolte qui a entraîné l’éviction de Béchir en 2019, ont indiqué n’avoir reçu « aucun détail » de la part de l’ONU sur ces pourparlers. L’Association des professionnels soudanais, qui a également joué un rôle déterminant il y a deux ans, a pour sa part déclaré qu’elle les « rejetait complètement », affirmant que le seul moyen de résoudre la crise était « le renversement complet du conseil militaire putschiste ».
Avec AFP
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