« Védrine, oui, l’Arabe, non ! »
Publié le 6 septembre 2005 Lecture : 1 minute.
Une conférence exceptionnelle devait se tenir le 1er septembre à l’Institut du monde arabe (IMA), à Paris. L’Américain Daniel Fried, secrétaire d’État adjoint pour l’Europe et l’Eurasie, devait y prononcer un discours sur le thème « Grand Moyen-Orient : forger une alliance pour la liberté ». Hubert Védrine, l’ancien ministre français des Affaires étrangères, devait être de la partie. Le 30 août, la conférence a été annulée, sans explication. Que s’est-il passé ?
C’est à l’initiative de l’ambassade américaine qu’était né le projet d’inviter un responsable de premier plan à expliquer la stratégie moyen-orientale de l’administration Bush. Le fait que l’IMA, ce haut lieu de la « politique arabe de la France », ait été choisi pour cela, ne faisait, croyait-on, qu’illustrer les récentes « retrouvailles » franco-américaines. L’entourage d’Yves Guéna, le président de l’IMA, a alors estimé que la présence au côté du conférencier d’une personnalité arabe s’imposait. Plusieurs noms ont été proposés aux Américains, parmi lesquels ceux du Palestinien Elias Sembar, du Libanais Ghassam Salamé et de Nacif Hetti, représentant de la Ligue arabe à Paris… Et là, surprise, l’ambassade refuse catégoriquement : « Pas d’Arabe ! » Très diplomatiquement, l’IMA propose un second choix : Védrine, plus un Arabe. Réponse : Védrine, oui, l’Arabe, non. Pour plus de sûreté, l’ambassade exige – et obtient – la liste des invités. Précision : les frais de la réception qui doit suivre la conférence sont entièrement à la charge de l’IMA.
Trop, c’est trop. Les ambassadeurs arabes avec à leur tête leur doyen, l’Algérien Mohamed Ghoualmi, interviennent auprès d’Yves Guéna. Ils menacent de boycotter la conférence et de le faire savoir dans un communiqué. De leur côté, les syndicats s’agitent et préparent un tract indigné. Et c’est ainsi que, le 30 août, tout a été annulé.
