Salaheddine Mezouar

Ministre marocain de l’Industrie, du Commerce et de la Mise à niveau de l’économie

Publié le 6 septembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Salaheddine Mezouar, 51 ans, connaît la filière textile sur le bout des doigts. Ancien président de l’Amith, il a également assuré la direction générale de la filiale textile de la multinationale espagnole Tavex pour la zone Afrique du Nord/Moyen-Orient (Mena). Comme Karim Tazi, il considère que la filière marocaine a encore de beaux jours devant elle.

Jeune Afrique/l’intelligent : Les vêtements chinois vont-ils avoir raison du textile marocain ?
Salaheddine Mezouar : Tous les pays sont frappés par la concurrence chinoise. À nous d’adapter notre stratégie pour coller au mieux aux évolutions de la demande en Europe et aux États-Unis. L’idée est de fabriquer des produits à forte valeur ajoutée et de passer de la soustraitance à la cotraitance où le fabricant est appelé à prendre en charge le service complet (recherche de modèle, production, marketing, suivi). Il est par ailleurs très important d’être réactif.
On ne peut plus proposer des délais de livraison allant de 20 à 24 semaines. Les
opérateurs doivent répondre à la demande entre 4 à 6 semaines, et encore moins pour le réassort.
J.A.I. : Cela nécessite une profonde modernisation des entreprises
S.M. : Des ajustements s’imposent. Les premiers changements ont été réalisés dès 1998 avec
le développement des chaînes comme Zara, Mango, Marks & Spencer, H & M, spécialisées dans le prêt-à-porter de mode. Cette évolution a entraîné une modernisation de l’appareil industriel, des professionnels du secteur et des capacités logistiques. Il nous faut aujourd’hui accélérer le processus et aider les entreprises à travailler dans une autre logique: ne plus attendre la commande mais la susciter. Nos opérateurs doivent innover et surprendre.
J.A.I. : La nouvelle donne du marché se traduira-t-elle par de lourdes pertes ?
S.M. : Il y a inévitablement de l’écrémage. Nous allons assister à de nouvelles fermetures
d’usines mais aussi à des ouvertures. Je reste optimiste. Le Maroc a attiré en mai trois gros investissements qui représentent 300 millions de dollars. Les deux premiers, réalisés par Tavex et Legler, concernent la fabrication de tissus pour les jeans. Le
troisième, initié par Fruit of the Loom, met en place une unité intégrée de production. Le
royaume demeure un pays très attractif pour les investisseurs du fait de sa proximité avec
le marché européen et des accords commerciaux passés avec la Commission de Bruxelles. La mise en place de l’accord de libre-échange avec les États-Unis nous offre également de nouvelles perspectives de marché.

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