Quelles perspectives pour l’Afrique ?

Publié le 5 septembre 2005 Lecture : 3 minutes.

La communauté internationale est de plus en plus acquise à l’idée d’aider l’Afrique et convaincue que cette année offre une occasion historique de matérialiser ce soutien et de produire des résultats concrets. Il est aussi encourageant de constater qu’après des décennies de résultats de croissance décevants, les pays du continent montrent des signes de reprise. Des progrès notables peuvent être réalisés dans la lutte contre la pauvreté à condition que la mise en oeuvre des réformes se généralise et que la communauté internationale tienne ses promesses.
En 2000, les dirigeants de la planète ont adopté les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) qui visent à réduire de moitié la pauvreté d’ici à 2015. Deux ans après, le « consensus de Monterrey » envisageait de redoubler d’efforts pour améliorer la croissance économique et faire reculer la pauvreté dans le cadre d’un partenariat qui prévoit que les pays à faible revenu réalisent les réformes qui s’imposent et que la communauté internationale augmente sensiblement le niveau de l’aide.
Cette année, le projet Objectifs du millénaire des Nations unies et la Commission pour l’Afrique de la Grande-Bretagne ont publié des rapports convaincants qui montrent que le continent a besoin d’une assistance internationale considérablement accrue. Le G8 a recommandé des augmentations substantielles de l’aide aux pays soucieux de bonne gouvernance et vient de proposer un complément d’allègement de dette des pays pauvres très endettés. L’évolution récente observée en Afrique a été encourageante. En 2004, la croissance du PIB réel des pays subsahariens a atteint 5 % – son niveau le plus élevé depuis 8 ans – tandis que la moyenne de l’inflation se situe au plus bas niveau jamais atteint. Mais la croissance économique reste inférieure à celle d’autres groupes de pays en développement, et demeure en dessous du niveau requis pour que l’Afrique subsaharienne atteigne les OMD.
Pour accélérer la croissance, il faut des niveaux plus élevés de productivité et d’investissement. À cet égard, il est impératif que des progrès soient accomplis dans quatre domaines essentiels : libéralisation du commerce ; développement du secteur financier ; réforme des institutions ; amélioration de la gouvernance.
Le commerce est crucial pour le développement de l’Afrique. Mais la part de celle-ci dans les échanges mondiaux est tombée de 4,4 % en 1970 à 2 % à peine aujourd’hui. Les économies avancées peuvent être un puissant relais en offrant aux exportations des pays africains un meilleur accès aux marchés mondiaux ; le FMI n’a cessé de souligner l’importance de l’ouverture des marchés de ces économies avancées. Dans le même temps, l’Afrique a une occasion unique de procéder à une libéralisation en profondeur si elle s’engage à réaliser des réformes ambitieuses dans le cadre des négociations en cours à l’OMC.
La réforme du secteur financier est aussi impérative. Plusieurs pays africains sont dotés de systèmes financiers déficients, qui se caractérisent par des services financiers limités, des volumes importants de prêts improductifs, des écarts significatifs entre taux créditeur et débiteur, et par des taux d’intérêt élevés. Une réforme en profondeur s’impose pour donner une impulsion forte et durable à la croissance économique. L’ouverture du secteur bancaire à une concurrence accrue, le renforcement de la supervision bancaire, l’amélioration du cadre légal, le développement du microcrédit et d’autres soutiens aux PME et au secteur rural seront autant de facteurs essentiels.
La transparence et la responsabilisation accrues de la gestion des finances publiques s’imposent aussi pour faire en sorte que les deniers publics profitent pleinement aux populations. Cela est d’autant plus impératif dans les pays exportateurs d’hydrocarbures. La gestion de cette manne pétrolière considérable est essentielle pour veiller à ce que ces ressources servent à relever les niveaux de vie et à affermir les perspectives de croissance à long terme des pays.
Enfin, le renforcement de la gouvernance et la lutte contre la corruption restent des défis majeurs. Des progrès ont été accomplis, en partie sous l’impulsion de l’Afrique elle-même et une plus grande détermination sous le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad).
Trois ans après le « consensus de Monterrey », des progrès sensibles ont été accomplis. Les pays africains eux-mêmes prennent l’initiative, déterminés à progresser vers la réalisation des OMD et à réaliser l’immense potentiel que recèle le continent. Leurs efforts doivent être – et méritent d’être – accompagnés par des actions de la communauté internationale qui concrétisent les promesses faites en un nouvel appui tangible.

*Directeur département Afrique du FMI.

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