L’Irak, désastre inévitable

Publié le 5 septembre 2005 Lecture : 2 minutes.

La guerre devait être finie en mai 2003. C’est le président George W. Bush qui nous l’avait dit, fier comme Artaban, vêtu d’un uniforme de pilote de chasse, sur le pont d’un porte-avions. Deux ans et demi sont passés. Nous sommes en septembre 2005, et l’affaire tourne au désastre.
L’Irak « en paix » est au bord du chaos et de la guerre civile. Cent cinquante mille soldats US sont harcelés par une guérilla paraît-il exsangue, mais qui ne cesse de renaître. Même si elle ne peut pas perdre, l’Amérique ne peut plus gagner. L’aventure irakienne est un bourbier coûteux, autant que la guerre du Vietnam, sans portes de sortie évidentes, et dont les effets stratégiques sont calamiteux.
La fameuse nouvelle Constitution, négociée au forceps et sous la pression américaine, entérine la « libanisation » et la « confessionnalisation » du pays. Kurdes, chiites et sunnites, chacun à l’abri de ses « frontières », auront tout le loisir de s’entre-déchirer et de détruire au passage l’État central. Évidemment, pas de risques dans ces cas-là, d’avoir, dans un avenir proche, un Irak fort, au coeur du Moyen-Orient…

L’intervention américaine devait favoriser l’émergence de la démocratie. L’effet a été radical. Aucune force progressiste, moderne et démocratique, n’a émergé des ruines. Les Irakiens lambda sont devenus les otages d’un bras de fer entre insurgés extrémistes, opportunistes de tous bords et partis religieux. Et dans le reste du monde arabe, les réformistes attendent toujours de voir l’Amérique les soutenir autrement que par des mots creux. Les islamistes, eux, recrutent sans difficulté…
Les femmes irakiennes auront aussi beaucoup perdu dans cette affaire. Alors qu’elles représentent près de 60 % de la population, elles sont progressivement marginalisées par les forces ultraconservatrices qui dominent dorénavant la vie politique. Sauf miracle, « la liberté » signifiera pour elles le retour à un statut de citoyennes de seconde classe.
Personne ne sait enfin comment est dépensée la fortune de l’Irak. Les milliards de dollars de recettes pétrolières. Où sont-ils ? Qui les contrôle ? Qui s’enrichit ? Personne ne sait comment sont dépensés les fonds (si fonds il y a…) de l’aide américaine. Ceux qui reviennent d’Irak le disent. Le pays est sinistré. L’immense majorité des Irakiens vit dans la misère. Le chômage est endémique. Aucun projet, ou presque, de reconstruction ou de réhabilitation n’a été mené à son terme… Tout ce que l’on sait, par bribes, c’est que les grandes multinationales américaines engrangent des contrats aussi juteux que douteux, sans aucun contrôle.
Chaos, corruption, mensonges, un pays brisé, des dizaines de milliers de civils irakiens tués ou blessés, des milliers de soldats américains de retour dans un cercueil ou amputés… Un jour ou l’autre, il faudra bien que les responsables, en particulier à Washington, s’expliquent sur ce désastre.

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires