La CIA et le régime nassérien
Publié le 5 septembre 2005 Lecture : 1 minute.
Le moindre mal
À Washington, deux courants partagent les dirigeants de la CIA. Selon la première opinion, Nasser, grâce à son appareil d’État, peut empêcher son pays de devenir la proie du communisme. […] Lui-même n’est pas communiste, ne sympathise pas avec le marxisme. Son renversement créerait d’ailleurs un vide extraordinaire : aucun de ses successeurs éventuels n’est assez prestigieux, assez populaire, pour maîtriser une poussée – toujours possible – du communisme. En fait, grâce au régime Nasser, la montée du communisme en pays arabe est endiguée : l’Irak de Kassem, l’Algérie de Ben Bella, la Syrie de Kouatly, le Soudan d’après la chute d’Abboud, dès qu’ils ont présenté des indices de « communisation », ont vu Nasser mettre en garde leurs dirigeants. […] Sans Nasser, la guerre arabo-israélienne aurait éclaté depuis longtemps, avec ses suites imprévisibles. Les Juifs le savent bien, malgré leur campagne contre lui.
L’ennemi
La seconde tendance, très puissante, s’oppose à ces vues conciliantes. Elle comporte sept points :
1. Le régime nassérien maintient, dans l’opinion arabe, la propagande antioccidentale, antiaméricaine.
2. Nasser a ouvert le Moyen-Orient et l’Afrique au communisme. Sa « Voix des Arabes » est écoutée, suivie, jusqu’en Afrique noire.
3. Son option économique « socialiste » a miné l’orientation libérale du monde arabe. C’est un grave danger pour les investissements du monde libre dans cette région.
4. Il menace les régimes voisins.
5. Il est prudent vis-à-vis de Pékin ? Tactique : Nasser n’ose irriter l’URSS, qui lui fournit son armement lourd.
6. Son renversement ne créerait pas un vide impossible à combler. On trouve, en R.A.U. ou dans le monde arabe, des éléments égyptiens de confiance qui sauraient remplacer par une politique modérée l’agressivité actuelle.
7. Dans son équipe militaire, on trouve des officiers supérieurs sains, comprenant les réalités, voyant les erreurs d’un régime qui a provoqué le gaspillage des fonds publics, la baisse des niveaux de vie, la guerre stérile au Yémen et les activités de subversion un peu partout, dans le monde arabe comme en Afrique.
