Koïzumi à quitte ou double

Publié le 5 septembre 2005 Lecture : 2 minutes.

Donné grand favori par les sondages, qui créditent sa formation, le Parti libéral démocrate (PLD), de près de 43 % des intentions de vote, contre 25 % aux démocrates, Junichiro Koïzumi est en passe de gagner son pari. Le Premier ministre japonais, au pouvoir depuis 2001, avait décidé, le 8 août dernier, de dissoudre la Diète, la Chambre basse du Parlement, et de convoquer des législatives anticipées le 11 septembre pour arbitrer une querelle interne à sa majorité. Les sénateurs conservateurs avaient rejeté, début août, son plan de privatisation de la Poste, la mesure-phare de son programme de réformes structurelles destinées à sortir définitivement l’économie nationale du marasme. La Poste japonaise, qui est aussi une banque, draine une épargne considérable, estimée à 2 600 milliards d’euros. Sa privatisation constitue le cheval de bataille d’un Premier ministre vilipendé pour son ultralibéralisme, mais qui a su conserver, grâce à une rhétorique efficace, les faveurs d’une opinion séduite par sa personnalité atypique et son style flamboyant et anticonformiste. Koïzumi, qui veut en finir avec la collusion entre la classe politique traditionnelle et la puissante bureaucratie japonaise, s’est attaqué au lobby des 270 000 postiers, qui, avec leurs familles, représentent un réservoir d’environ un million de voix.

En convoquant les électeurs pour ce qui ressemble beaucoup à un référendum, le meilleur allié asiatique de l’Américain George W. Bush entend certes imposer une réforme essentielle à ses yeux. Mais ce scrutin devrait aussi l’aider à liquider la vieille garde conservatrice, et à accentuer ainsi la « présidentialisation » de la vie politique nippone. Devenu Premier ministre à la faveur d’un vote des militants – une première dans l’histoire moderne du Japon -, il a déjà à son actif d’avoir fait voler en éclats le système des clans et factions en vigueur au sein du PLD jusqu’à sa désignation. L’opposition de gauche, dont le leader, Katsuya Okada, est nettement moins télégénique que Koïzumi, aura du mal à refaire son retard. Elle compte axer sa campagne sur les aspects les plus controversés de l’action extérieure du Premier ministre : son alignement inconditionnel sur les États-Unis dans la guerre d’Irak et ses bévues diplomatiques, qui ont provoqué un sérieux malaise dans les relations sino-japonaises. Les visites répétées de Koïzumi au sanctuaire de Yasukini, où reposent les cendres des militaires nippons tués pendant la Seconde Guerre mondiale, ont été vécues comme autant de provocations par Pékin et Séoul, où l’on garde encore en mémoire les crimes horribles de l’expansionnisme japonais.

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