Entre guerre et paix
Un ouvrage collectif analyse le rôle stratégique de l’information et la manière dont les journalistes couvrent les conflits en Afrique centrale.
Publié le 5 septembre 2005 Lecture : 2 minutes.
Tantôt pyromanes, tantôt pacificateurs… Les médias sont des armes à double tranchant, en particulier dans les sociétés déstabilisées par des conflits ou marquées par des processus de libération politique. Retranchés derrière leurs micros ou leurs plumes, les journalistes peuvent même en appeler à la haine, susciter des mouvements de foule violents, manipuler volontairement l’information pour servir une stratégie guerrière et ancrer, de manière plus ou moins consciente ou perverse, des scissions profondes au sein d’une société.
À l’opposé, d’autres médias contribuent à l’ébauche de la démocratie, à la restauration de la paix, au dialogue politique, changeant les belligérants d’hier en interlocuteurs au sein d’un processus de conciliation. La région des Grands Lacs ne manque pas d’exemples de ces instruments de l’information qui ont accompagné et servi des schémas déstabilisateurs ou pacificateurs.
Afrique centrale : médias et conflits, vecteurs de guerre ou acteurs de paix est le fruit d’un travail collectif initié par l’Institut Panos Paris, une ONG spécialisée dans le renforcement des capacités des acteurs médiatiques d’Afrique centrale, et le Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (Grip) de Bruxelles. Dans le vent du multipartisme, cette région a vu apparaître, ces quinze dernières années, des milliers de nouveaux journaux et des centaines de radios dans des pays jusque-là soumis au monopole étatique.
De la sinistre Radio des Mille Collines, qui a encouragé le génocide des Tutsis au Rwanda en 1994, au journal extrémiste Le Carrefour des idées au Burundi, qui n’hésitait pas à mettre à prix les têtes des dirigeants hutus en offrant 1 million de francs burundais, de nombreux médias de la région des Grands Lacs ont attisé la braise pendant des années. Pour cicatriser les plaies, des radios humanitaires ont pris le relais, notamment en Centrafrique, en République démocratique du Congo et au Burundi. Mais beaucoup reste à faire pour professionnaliser la presse de la région et ne pas raviver les foyers de tension. Cet ouvrage décrit et décrypte le comportement de ces vecteurs d’information avant, pendant et après les crises, dresse l’évolution du paysage médiatique et analyse les contraintes rencontrées par les journalistes locaux dans leur travail quotidien.
