Vos lettres et emails sélectionnés

Publié le 5 juillet 2004 Lecture : 5 minutes.

À qui profitera le pétrole malien ?
Je viens de lire dans votre journal (J.A.I. n° 2267 du 20 au 26 juin), la possibilité d’une présence de pétrole au nord du Mali. Mon voeu le plus sincère est que ce pays intègre le club des pétroliers. Le nord du Mali, pour ceux qui ne le connaissent pas, est une région désertique et privée de toute infrastructure. Cette région a connu au cours de son histoire de multiples tragédies. La plus récente est celle du début des années 1990, où une guerre opposait le gouvernement aux mouvements et fronts de l’Azawad. Cette guerre a fait des milliers de victimes, essentiellement civiles.
Malgré les accords et les promesses, le contraste entre le Nord, extrêmement pauvre, et le Sud, qui reçoit tous les investissements de l’État (aussi modestes soient-ils) subsiste. On peut imaginer la frustration des populations si la manne pétrolière ne profite une fois de plus qu’au Sud.

Les Peuls ont du coeur
Je suis consternée par les propos rapportés dans votre commentaire sur le livre que Tierno Monénembo a consacré aux Peuls (J.A.I. n° 2262). La première phrase, déjà, donne le ton : « Si tu veux trouver le Peul, cherche du côté du fumier. » Le moins que l’on puisse dire, c’est que ça n’est pas très politiquement correct… Ces pauvres Peuls étant très peu scolarisés pour lire ce livre, et aussi pas assez riches pour l’acheter, ils ne peuvent pas protester. Les Peuls Wodaabés que j’ai pu aborder au Niger sont extraordinaires. On les reconnaît entre tous, et de loin, par leur attitude noble (même avec un bâton de berger à la main, en pleine brousse, en tenue de travailleur). Ils ont le culte de la beauté, hommes et femmes sont magnifiques. Pour le reste, ce sont des bergers qui travaillent dur et je ne vois pas ce qu’on peut leur reprocher… Ils sont aussi très humains avec leurs animaux qu’ils traitent avec respect et affection – on ne peut pas en dire autant de tout le monde… Les Peuls ont du coeur. Qu’ils ne changent surtout jamais, c’est un peuple authentique et merveilleux dont on sait encore très peu sur les origines.
Réponse : Peut-être n’avez-vous pas lu l’ensemble de l’article. Ou n’avez-vous pas perçu l’humour qui le parcourt. Toujours est-il que l’auteur du livre, lui-même peul, ne peut être suspecté de dénigrement. Bien au contraire, son roman est un magnifique éloge de son peuple. D.M.

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Alpha Oumar Konaré l’a fait
Le président Alpha Oumar Konaré a suscité à juste titre beaucoup d’espoir lors de son élection à la présidence de la Commission de l’Union africaine. Sa passion pour l’Afrique, son style direct et son franc-parler devraient être encouragés. Il a eu le courage de demander clairement au général François Bozizé d’organiser des élections transparentes dans sa Centrafrique et de ne pas se présenter devant les électeurs… Je serais heureux que, le moment venu, Alpha l’Africain ait le même courage pour demander à plusieurs de ses ex-confrères de laisser enfin la place aux autres. Lui l’a fait ; il peut le leur demander.

Douala n’est pas un bordel
L’article intitulé « Douala by night » (J.A.I n° 2264) m’a touchée. D’après l’enquête de votre envoyée spéciale Muriel Signouret, la prostitution des jeunes filles dans la tranche des 15-20 ans semble prendre une dimension particulière. Ce fléau n’est que le fruit d’une jeunesse abandonnée à elle-même. Le gouvernement, même inconsciemment, a tout fait pour rendre l’intégration des jeunes presque impossible. Universités, lycées et écoles publiques, encore presque gratuits dans les années 1980, sont devenus tous payants et les frais d’inscription ont été au fil des années revus à la hausse. La ville compte des milliers de diplômés qui, après avoir échoué à trouver un emploi, se sont lancés soit dans le commerce à la sauvette, soit dans une autre activité du secteur informel. Les liens ethniques et le lien de parenté ont largement remplacé le diplôme nécessaire pour être embauché.
Au lieu de s’en prendre à la jeunesse, que je considère ici comme une victime, il serait préférable de sensibiliser les politiciens qui ont failli à leur mission.

Avec nos frères d’armes africains
J’ai pris connaissance avec attention, dans votre n° 2262 du 16 mai, de votre article sur le problème des anciens combattants africains qui ont combattu sous l’uniforme français avant l’indépendance de leurs pays respectifs. Je voudrais vous informer que ceci est une des préoccupations principales de l’Union nationale des combattants. Le problème de décristallisation des pensions de nos frères d’armes est régulièrement évoqué avec nos autorités de tutelle, spécialement avec le ministre des Anciens Combattants.
Nous nous félicitons des premières mesures qui ont été prises récemment en faveur de ces anciens combattants et espérons qu’elles seront améliorées très rapidement.

Des voyelles sur les lettres arabes, SVP !
J’ai lu le nouveau J.A. Bil Arabia : chapeau ! Vous excellez non seulement dans la « langue de Molière », mais aussi dans la « langue du Dad » (un « d » emphatique). J’ai trouvé cela curieux et très enrichissant ! Une remarque cependant : les voyelles (u, a, i) sur les lettres seraient les bienvenues. Kamel Atatürk n’a-t-il pas remplacé les lettres arabes par les lettres latines pour rendre l’écriture et la lecture de la langue turque « plus aisée et plus pratiques ». Ne tombons pas dans ce piège et mettons systématiquement des voyelles, au moins là où il en faut, pour faciliter la lecture de Bil Arabia.

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Entraves à la circulation
Dans le n° 2266 de J.A.I., vous avez consacré un dossier spécial à la ville-chantier qu’est Douala. J’ai trouvé la description fidèle, sauf qu’à mon avis vous auriez dû parler d’un phénomène désolant, en face duquel tant les habitants que les autorités de la métropole camerounaise semblent être impuissants : c’est la fâcheuse habitude qu’ont de plus en plus les familles d’occuper nos routes et même nos avenues pour leurs manifestations heureuses ou malheureuses, avec ou sans autorisation, entravant ainsi gravement la circulation. Les interdictions médiatisées de la Communauté urbaine de Douala semblent ne rien y faire. Je pense que la solution serait d’introduire un système d’amende lourde à quiconque est pris en flagrant délit d’occupation d’espace sans autorisation administrative préalable.

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