« Universalis » diffuse sa marque

Publié le 5 juillet 2004 Lecture : 2 minutes.

Révolution dans le monde de l’édition : depuis deux mois, l’Encyclopaedia Universalis est en librairie. Non, ce ne sont pas les 28 volumes de la grande encyclopédie qui occupent les bacs ! La fameuse Universalis, lancée il y a près d’un demi-siècle, est toujours vendue par correspondance ou par courtage. Mais l’éditeur, après une première apparition en librairie avec des dictionnaires thématiques coédités avec Albin Michel, a décidé de se lancer seul à l’assaut de la distribution « classique » avec de nouvelles collections non encyclopédiques, mais frappées du prestigieux logo. Il faut dire qu’il revient de loin. Il a failli ne pas survivre à l’an 2000.

À l’époque, la folie Internet est à son comble. Dès 1995, l’Encyclopaedia Universalis a lancé sa première version sur CD-Rom. Depuis, neuf éditions électroniques se sont succédé. Mais comment résister à Microsoft, qui propose son Encarta à des prix défiant toute concurrence ? La plupart des éditeurs d’encyclopédies, tels Hachette et Larousse, se retirent du jeu après y avoir laissé des plumes. Inexorablement, l’Universalis s’enfonce. Les
ventes de la version électronique passent de 100 000 jusqu’en 2000 à 80 000 en 2003. Sur ce total, 60 000 sont en fait des mises à jour. Il n’y a que 20 000 « primo acheteurs ».
Quant aux ventes de l’édition papier, qui atteignaient 30 000 exemplaires par an à la grande époque, elles chutent à 2 000. À 2 880 euros, près du double de ce qu’elle valait en 1996, elle reste
cependant rentable. Mais c’est surtout « l’annuel » (le volume de mise à jour), vendu à 70 000 exemplaires en 2003, qui permet de limiter les dégâts. Cette ligne de résistance fragile impose de trouver d’urgence une stratégie de rechange.
Entre alors en scène Giuseppe Annoscia, nommé PDG en 2001. Il vient de la maison mère, l’Encyclopaedia Britannica, à Chicago. « J’ai démissionné de la Britannica en 2000, après y avoir passé trente-sept ans, car je n’étais pas d’accord avec le modèle économique », raconte-t-il. Il prend d’abord la direction de la filiale japonaise puis il débarque à Paris. « La situation de la France était intéressante, explique-t-il. L’Universalis n’était ni une traduction ni une adaptation de la Britannica, mais une production entièrement originale, un cas unique. »

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Le tour de force de Giuseppe Annoscia sera d’arriver à convaincre le conseil d’administration de lancer de nouveaux produits sur papier. C’est ainsi qu’en 2004 arrivent chez les libraires des ouvrages thématiques (Le Monde des littératures, par exemple) ou liés à l’actualité (Le Retour du populisme, dirigé par Pierre-André Taguieff). Avec ce retour au papier, il espère retrouver l’équilibre en 2004 et dégager des bénéfices dès 2005 ou 2006. « C’est risqué, juge un concurrent. Il a imprimé ses nouveautés à 10 000 exemplaires. S’il en vend 2 000, ce sera déjà un succès. »

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