Soro : « Les Ivoiriens se prononceront »

Publié le 5 juillet 2004 Lecture : 2 minutes.

Cher Charles,
Voilà une lettre que je ne m’attendais pas à recevoir, elle me touche particulièrement.
Depuis plusieurs années, nos chemins ont divergé autant qu’ils le pouvaient. Nous avons effectivement choisi des camps opposés, mais il y a un point sur lequel nous nous rejoignons : la Côte d’Ivoire doit être une, indivisible et indépendante.
Nous sommes les fils d’un grand pays, et non d’une famille ou d’un clan. Ce qui fait la grandeur de notre pays, tu le sais bien, c’est sa capacité à associer des peuples par-delà leurs différences. L’unité de la Côte d’Ivoire ne peut se construire sur l’exclusion d’une grande partie de ceux qui, par leur travail, leur attachement cent fois démontré à la patrie, contribuent à la rendre prospère et forte. Comme tous les grands pays, notre pays tire sa force de sa capacité à rassembler et à construire ensemble, pas de ses tentations à exclure.
Il en va de même pour son indépendance. Si nous savons rester unis et organiser nos différences, dans la justice et l’égalité des droits, nous serons suffisamment forts pour nous consacrer à l’essentiel : la prospérité du pays et le développement de son influence. C’est le défi ultime pour nous : l’important n’est pas de savoir qui gouverne le pays ; l’important, c’est que les Ivoiriens, tous les Ivoiriens, puissent être en mesure de choisir leurs dirigeants, à intervalle régulier.
Le jour où l’alternance politique sera vécue comme un moment normal, sain, enviable même par ceux qui sont battus par des élections libres et transparentes, alors oui nous aurons sauvé durablement notre pays et garanti son unité. Et donc sa force.
C’est pour cela que je défends les accords de paix. Qu’ils aient été signés à Marcoussis ou dans tout autre lieu importe peu. L’essentiel est que ce sont des Ivoiriens, les dirigeants de l’ensemble des partis politiques ivoiriens, qui les ont signés, par-delà leurs différences et leurs désaccords. Nous sommes tombés tous d’accord, et cela est une chance unique pour le pays. Soutenons alors les réformes qui prolongeront et concrétiseront ce consensus : identification, code de la nationalité. Donnons les moyens à ces élections d’être véritablement libres, transparentes et ouvertes à tous. Les Ivoiriens se prononceront, et bien malin qui pourra dire ce qu’ils décideront. À ce moment-là, je te le garantis, Charles, cette épreuve dont nous souhaiterions tous deux voir la fin n’aura plus de raison d’être. Et puisque c’est à moi que tu t’adresses, je peux te répondre : j’aurai à ce moment-là, effectivement, le sentiment de retrouver ma famille réunie.
Cela dépend de nous et de tous les hommes de bonne volonté que compte notre pays. Faisons le reste du chemin ensemble et assurons à notre pays le retour de la prospérité et de la paix qu’il mérite plus qu’aucun autre.

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