Sharon désavoué par la justice

Publié le 5 juillet 2004 Lecture : 2 minutes.

Ce n’est qu’un premier pas, encore timide, mais qui pourrait en annoncer d’autres. Le 30 juin, statuant sur la plainte de familles palestiniennes, la Cour suprême d’Israël, présidée par Aharon Barak, a enjoint au gouvernement Sharon de modifier le tracé du mur dit de sécurité qu’il fait édifier en Cisjordanie pour séparer l’État juif des territoires palestiniens. Sur une trentaine de kilomètres seulement, il est vrai, mais avec des arguments potentiellement explosifs. Évoquant les « atteintes aux droits et intérêts des habitants palestiniens du secteur » [au nombre d’environ 35 000], cette plus haute juridiction constate, en effet, que « les critères sécuritaires pris en considération sont disproportionnés par rapport aux nécessités humanitaires. La Cour ordonne donc de réduire les atteintes aux droits des habitants en revoyant le tracé de la barrière, même si l’on ne peut pas totalement le modifier ».

Soit des considérations qui – nonobstant la dernière phrase – pourraient aisément s’appliquer à la quasi-totalité du « mur ». Restant prudente dans ses audaces, la Cour suprême, cependant, n’ose pas aller jusque-là, bien que ses critiques touchant ce court fragment au nord-ouest de Jérusalem vaudraient au moins pour bien d’autres, qui coupent les villages palestiniens les uns des autres et les isolent de leurs terres agricoles, multipliant en même temps les check-points où malades comme femmes enceintes, entre autres, doivent attendre interminablement le bon vouloir de jeunes butors de Tsahal pour gagner – souvent trop tard – cliniques et hôpitaux. Pas davantage la Cour ne se prononce sur le projet sharonesque d’englober l’outrageante colonie d’Ariel – trop bien ou trop mal nommée – profondément implantée en Cisjordanie et dont l’annexion déguisée transformerait en « bantoustan » ce qui resterait, de part et d’autre, aux Palestiniens.

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C’est donc avec un optimisme un peu excessif qu’Amram Mitzna, député travailliste et ancien président du parti, s’est félicité de trouver dans la Cour le « véritable rempart de l’État d’Israël ». Plus cyniquement, le likoudnik Danny Naveh, ministre de la Santé, a répliqué que « le meurtre de femmes et d’enfants d’Israël est plus important à [ses] yeux qu’une certaine atteinte à la qualité de vie des populations palestiniennes ».

Bref, on en reste encore au stade du verre à moitié plein et à moitié vide, même si le désaveu infligé au gouvernement par la Haute Cour sur un point essentiel de sa politique est un événement sans précédent. Les porte-parole officiels ne se privent pas, en effet, de souligner que, dans le même temps, les trois juges suprêmes ne contestent pas le principe même de la barrière en admettant son objectif « sécuritaire ».
Prochaine étape, le 9 juillet, quand la Cour internationale de justice de La Haye, saisie par les Nations unies, se prononcera, elle, sur la légalité même de sa construction.

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