Petits arrangements entre ennemis ?

Publié le 5 juillet 2004 Lecture : 2 minutes.

Saddam Hussein a-t-il vraiment été capturé le 13 décembre 2003 ? Dans un entretien accordé au quotidien russe Gazeta, le 23 juin dernier, Evgueni Primakov, ancien Premier ministre de Boris Eltsine (1998-1999), fait part de ses doutes avec toute la subtilité du responsable des services secrets qu’il fut naguère. « Je pense qu’il y avait un accord secret entre Saddam et les Américains, aussi étrange que cela puisse paraître », déclare-t-il à propos de l’arrestation du raïs. Il en veut pour preuves l’absence de combativité des forces irakiennes et leur reddition rapide : « Pourquoi n’y avait-il pas de ponts détruits sur le Tigre lorsque les tanks américains se sont approchés de Bagdad ? Pourquoi n’y avait-il pas de tanks et d’avions irakiens, et où sont-ils maintenant ? Pourquoi y a-t-il eu un cessez-le-feu immédiat ? Pourquoi n’y avait-il pas de résistance il y a un an ? Lors de la première phase de la campagne – et elle a duré trois semaines -, les Américains ont perdu en tout cent hommes. »
Primakov, qui a été envoyé plusieurs fois en mission, officielle ou secrète, auprès de Saddam par Gorbatchev lors de la première guerre du Golfe, et par Poutine juste avant le déclenchement de la seconde, émet également des doutes sur l’authenticité des images de l’arrestation qui ont fait le tour du monde. En premier lieu, dit-il, « on a montré deux soldats armés de mitrailleuses à côté du trou dans lequel on a trouvé Saddam et, en arrière-plan, des palmiers. Or, à cette époque de l’année, les dattes ne sont pas mûres. » Deuxième indice : la barbe de Saddam. Impossible, selon Primakov, qu’elle soit devenue aussi longue en l’espace de sept mois. « De toute évidence, Saddam s’est rendu plus tôt et l’histoire du trou a été inventée plus tard. »
Le statut de Saddam laisse Primakov tout aussi perplexe : d’abord qualifié de prisonnier de guerre par les Américains, le dictateur déchu a changé de statut et devrait répondre de crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide devant la justice de son pays. « Pourquoi n’est-il pas jugé comme Milosevic ? » s’enquiert l’ancien Premier ministre russe.
Une chose est sûre : Primakov, aujourd’hui responsable, en Russie, de la Chambre du commerce et de l’industrie, a gardé de son passage à la tête des services de renseignements le goût de l’intrigue et du sous-entendu.

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