Mohand Hanachi

Dirigeant de la Jeunesse sportive de Kabylie

Publié le 5 juillet 2004 Lecture : 3 minutes.

La pelouse du stade du 1er-Novembre-1954, à Tizi-Ouzou, Mohand Hanachi (54 ans) en connaît chaque centimètre carré. Que de fois ne l’a-t-il foulée depuis le temps (1963) où il jouait en minimes ? Cadet, puis junior, il intègre l’équipe A au cours de la saison 1972-1973. À l’époque, le terrain était en tuf, et la JSK, fondée huit ans plus tôt, n’avait encore remporté aucun titre… Toute la vie de Hanachi se confond avec l’histoire de son club. Lors du premier sacre national de la JSK, en 1973, il était déjà capitaine. Il l’était encore, cinq ans plus tard, lors de la première victoire en Coupe d’Algérie. Devenu dirigeant, puis président de la section football, il offre au pays, en 1981, son premier titre continental. Cinq trophées africains ornent aujourd’hui les vitrines du club le plus titré d’Algérie.

Enfant, comme tous les gamins de son quartier, Mohand Cherif Hanachi n’avait qu’un rêve : jouer sous le maillot jaune et vert de la JSK. « Matin et soir, après l’école, on tapait dans le ballon », se souvient-il avec nostalgie. Le rêve devient réalité, il porte le numéro 8 et joue milieu défensif. « La technique n’était pas mon fort, estime-t-il. J’étais un joueur très physique, avec de grosses qualités athlétiques et un bon jeu de tête. » Très respecté sur le terrain, il est surnommé « Khali » [mon oncle] par ses coéquipiers, qui le prennent volontiers comme confident. À la fin de sa carrière sportive, il est presque naturellement élu dirigeant. « J’ai tout donné à la JSK, souvent au détriment de mes affaires, s’enflamme-t-il. C’est vrai qu’aujourd’hui encore je n’ai que peu de temps à consacrer à mes cinq filles, mais ce club, c’est la fierté de la Kabylie et du pays tout entier. Chez les supporteurs, l’ambiance est unique. Il n’y a que la JSK pour susciter un tel engouement. »
Après les tragiques émeutes du printemps 2001, « on a tenté de nous récupérer à des fins politiques, explique son président. Nous avons subi beaucoup de pressions, mais nous avons tenu bon : pas question de mélanger sport et politique. » Certains émeutiers demandaient à la JSK de quitter le championnat algérien, une décision qui aurait provoqué la rétrogradation du club en troisième division. « Je n’ai jamais cédé », martèle Hanachi. Du coup, il est insulté dans la rue, reçoit des lettres de menaces… Plusieurs matchs ayant été interrompus à la suite de violents incidents, la fédération de football décide de suspendre le stade de la JSK, au grand dam des supporteurs. « Nous avons dû jouer à l’extérieur pendant vingt mois. Un autre club serait descendu en deuxième division, mais la JSK est restée debout. » Mieux, elle remporte à deux reprises (2000 et 2001) la finale de la Coupe de la Confédération africaine de football (CAF).
Les législatives de 2002 provoquent de nouvelles tensions. Les partisans du boycottage accusent Hanachi de « faire le jeu du pouvoir » en ne se prononçant pas publiquement contre la tenue des élections. Fidèle à lui-même, celui-ci refuse de prendre position. « Je ne rentre pas dans ce jeu-là, répète-t-il inlassablement. De toute ma vie, je n’ai assisté qu’à deux réunions politiques. » La première fois, c’était à l’occasion d’une visite à Tizi-Ouzou d’Abdelaziz Bouteflika, « parce qu’il est le président de tous les Algériens ». La seconde, c’était à Alger, lorsque ce même Bouteflika s’est déclaré candidat à l’élection du 8 avril dernier. Mais Hanachi affirme être resté neutre pendant la campagne, en dépit des appels du pied de certains candidats, qui, selon lui, « ne faisaient pas le poids » face au chef de l’État sortant. À l’exception, peut-être, de Louisa Hanoune, la candidate travailliste, pour laquelle il ne cache pas son admiration.

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Ce qui lui importe le plus, désormais, c’est Tizi-Ouzou. Chaque fois qu’il traverse la nouvelle ville, le président de la JSK avoue être atterré par ces « cités-dortoirs sans lieux de vie, sans hôtels, sans cinémas ni grandes surfaces ». Alors il essaie de convaincre le groupe Blanky – l’un des principaux sponsors du club – d’investir à Tizi « dans l’intérêt de la région et de la JSK ». De même, il espère qu’un complexe olympique y verra bientôt le jour, avec une salle omnisports, une piscine, un hôtel et un grand stade de 70 000 places. Le terrain est déjà acquis et le nom tout trouvé : « complexe Abdelkader-Khalef », du nom de l’ancien président du club. Ne reste plus qu’à le construire…

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