Il est encore temps…

Publié le 5 juillet 2004 Lecture : 2 minutes.

La bonne nouvelle, c’est que l’état nigérian de Kano « a l’intention de reprendre les campagnes de vaccination antipoliomyélitique ». La mauvaise, c’est que le temps perdu pendant la suspension de ladite campagne a suffi au virus pour se répandre à nouveau en Afrique de l’Ouest et centrale. Des régions du continent exemptes de cas, puisque, au début de 2003, seuls deux pays subsahariens (Niger et Nigeria) recensaient encore de nouvelles infections. Or de récentes données épidémiologiques ont montré que le virus se propage à un rythme alarmant, comme le confirme le docteur David Heymann, représentant de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l’éradication de la polio : « Aujourd’hui, près de 90 % de la charge mondiale de la maladie pèse sur l’Afrique, des enfants étant désormais paralysés dans dix pays du continent précédemment exempts. »
Au Soudan, par exemple, dans la région du Darfour, déjà meurtrie, un enfant a été paralysé par un virus génétiquement très proche de la souche endémique nigériane, et provenant du Tchad. Au Nigeria, 197 enfants ont été victimes de la maladie depuis l’arrêt des vaccinations en décembre 2003. Il était donc grand temps que les autorités sanitaires de l’État de Kano reviennent sur leur décision et admettent que le vaccin antipoliomyélitique oral est sûr et efficace, élément qu’elles contestaient jusqu’à ce que des tests indépendants leur confirment le caractère inoffensif du produit.

La formation du personnel en prévision des campagnes d’immunisation, qui reprendront au début de ce mois, a donc commencé le 26 juin dernier. Le docteur Jong-wook Lee, directeur général de l’OMS, a exprimé son soulagement de voir que « les efforts de 20 millions de personnes et les 3 milliards de dollars (2,46 milliards d’euros) dépensés pour éradiquer la maladie » n’auront peut-être pas servi à rien. Quoi qu’il en soit, la poliomyélite ne disparaîtra pas de la planète en 2004, comme prévu initialement. Il va désormais falloir réorganiser des campagnes d’immunisation dans les États où le virus est réapparu, et cela de préférence avant le quatrième trimestre de l’année, correspondant au « pic saisonnier » de la maladie, période où elle est particulièrement virulente. Des séances de vaccinations synchrones devraient donc se dérouler en octobre dans vingt-deux pays subsahariens, avec pour objectif de toucher 74 millions d’enfants.

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