Faux départ pour Kigali

Publié le 5 juillet 2004 Lecture : 2 minutes.

Les passagers pour Kigali ne décolleront finalement pas. Par un courrier adressé à Point-Afrique en date du 29 juin, les autorités rwandaises ont suspendu les autorisations d’atterrissage, de survol et d’exploitation de la ligne Paris-Kigali accordées au voyagiste français, le 4 avril dernier. Selon les termes de l’accord passé avec ses interlocuteurs rwandais, le tour-opérateur devait affréter six vols charters entre le 5 juillet et le 14 septembre 2004. Effectué sur Boeing 737, chaque vol devait permettre de transporter 130 passagers pour 550 euros l’aller-retour, contre 1 250 euros sur la compagnie concurrente Brussels Airlines.
Seulement six jours avant la première rotation, Jean-Damascène Ntawukuliryayo, ministre rwandais des Infrastructures en charge des Transports, a prématurément mis un terme à cette liaison : « L’accord passé avec Point-Afrique comportait deux volets, explique-t-il. Le premier, qui porte sur les dessertes aériennes proprement dites, ne pose aucun problème. Le second concerne l’exploitation touristique et nécessite un compromis avec l’Office rwandais du tourisme et des parcs nationaux (ORTPN). » Ce qui semble plutôt mal parti : pour les autorités, les objectifs de Point-Afrique ne sont pas conformes à la stratégie nationale en matière de développement touristique. Selon Kigali, les vols charters vont attirer une clientèle « sac-à-dos », alors que le gouvernement veut privilégier les visiteurs haut de gamme, à plus forte « valeur ajoutée ».
Pour Point-Afrique, cette volte-face est incompréhensible : « Lorsque nous sommes allés à Kigali en avril dernier, nous n’avons pu rencontrer la directrice de l’ORTPN, malgré nos tentatives répétées de décrocher un rendez-vous. Toutefois, nos interlocuteurs officiels nous ont tous assuré de leur soutien. Y compris le chef d’état-major de l’armée rwandaise, James Kabarebe. »

Reste à savoir ce qui a conduit le gouvernement à faire machine arrière. Les proches du dossier ne croient pas vraiment à « la théorie du routard », mais cherchent plutôt une explication politique à l’affaire. Certains pensent que le régime rwandais ne souhaite pas voir des Européens déambuler à travers les Mille Collines au moment où les bruits de bottes se font de plus en plus distincts à la frontière avec la RD Congo. D’autres estiment que tout le monde au sein du gouvernement ne voit pas forcément d’un bon oeil le retour au pays de certains expatriés. Sur l’ensemble des réservations effectuées, près de 60 % ont été faites par des Rwandais de la diaspora majoritairement installés en France, pas toujours bien disposés envers les autorités de Kigali…

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Les vacanciers en partance pour le Rwanda resteront donc à Paris faute d’embarquement. « Nous sommes consternés par cette décision, explique Virginie Albouy, directrice de la Communication de Point-Afrique. Nous voulions rendre ce pays accessible au plus grand nombre en adoptant une politique tarifaire le plus compétitive possible. Nous avons été obligés de tout annuler, et de rembourser plus d’un millier de passagers qui comptaient sur nous. Au-delà de la perte financière générée par cette annulation – notamment pour la publicité, la location de l’avion, l’organisation des escales et le recrutement des équipages -, nous perdons en crédibilité pour nos voyageurs. » Un préjudice qui risque de compromettre la relance du tourisme au Rwanda.

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