Poulet importé vs poulet local : la guerre de la volaille fait rage en Afrique
La viande de volaille est l’une des principales sources de protéine animale pour les populations du continent. C’est aussi un marché gigantesque, largement dominé par les importations venues d’Europe ou des États-Unis. Les acteurs de la filière avicole locale peuvent-ils faire face à leurs concurrents internationaux ? Réponses en infographies.
Publié le 13 janvier 2022 Lecture : 2 minutes.
Les Béninois l’appellent « poulet morgue » : la viande de volaille congelée importée d’Europe, du Brésil ou des États-Unis inonde les marchés africains depuis une dizaine d’années. Près de 2 millions de tonnes de ces bas morceaux sont vendus chaque année sur les étals du continent à des prix bradés, entre deux et quatre fois moins élevés que ceux de la volaille fraîche locale.
Une « guerre du poulet » sans merci, qui se livre sur fond de concurrence déloyale, face à laquelle les acteurs de la filière locale – que les gouvernements tentent tant bien que mal de remplumer via des mesures protectionnistes – semblent souvent bien désarmés. Déjà peu compétitif par rapport aux mastodontes de l’industrie agroalimentaire américaine, européenne ou asiatique, le secteur avicole africain doit rivaliser avec des concurrents qui bénéficient pour beaucoup de très larges subventions publiques.
Marchés inondés, secteurs asphyxiés
Dans certains pays, les volailles importées ont quasiment tué le marché local. Au Ghana, les importations ont ainsi représenté 90 % de la consommation de poulet de l’année 2020. Dans ce pays où la filière était jadis florissante – au début des années 2000, le poulet local était quasiment le seul vendu sur les marchés –, les entreprises nationales ont été contraintes d’abandonner la production pour se concentrer désormais sur la seule activité, beaucoup moins lucrative, de la vente d’œufs.
En février 2020, pour freiner les importations qui ont doublé en dix ans, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a décidé de pratiquement doubler les droits de douanes sur la viande de volaille importée du Brésil, d’Europe et des États-Unis. Une mesure qui a valu à Pretoria les foudres de Washington, mais aussi du lobby européen de la volaille. Ce dernier, qui dénonce des mesures « injustifiées » ne respectant pas les règles du commerce international, met également en avant un argument de poids : la majorité des pays du continent étant loin d’être autosuffisants dans le secteur agroalimentaire, ils se « doivent » d’importer des protéines à prix abordable pour leurs populations.
Demande sans cesse croissante
Les mesures protectionnistes prises par plusieurs pays du continent ont cependant prouvé leur efficacité. Au Sénégal, où les importations de poulet ont été stoppées dès 2005 – en raison de la grippe aviaire, initialement –, la production nationale est repartie à la hausse. Près de 110 000 tonnes de volaille sont désormais produites chaque année dans le pays de la Teranga, contre environ 30 000 au moment de la mise en place de l’embargo strict sur les produits avicoles importés.
Au Burkina Faso, dont les autorités ont créé en août dernier un label « ‘poulet bicyclette » pour promouvoir les volatils locaux, le succès de ceux-ci est tel qu’il ne suffit pas à répondre à une demande sans cesse croissante.
Les Africains mangent-il plutôt des poulets locaux ou étrangers ? Les acteurs de la filière locale peuvent-ils faire face à leurs concurrents internationaux ? Quelles sont les perspectives de ce marché en pleine explosion ? Toutes les réponses en infographies.