Vos lettres ou courriels sélectionnés

Publié le 6 juin 2006 Lecture : 5 minutes.

Musulmans contre musulmans
– Depuis un certain 11 septembre 2001, je constate une tendance des hommes politiques et des médias (surtout occidentaux) à classer les musulmans en « radicaux » ou « modérés ». C’est une manière de diviser les musulmans et de les dresser les uns contre les autres. Aux yeux des Occidentaux, celui qui ne respecte pas leur prétendue liberté ou leurs idées – dites civilisatrices mais que je qualifie de matérialistes, dominées par le sexe et l’argent – est un fondamentaliste ou carrément un terroriste, et il faut l’abattre ou l’empêcher de remporter une victoire (Hamas, Iran, Somalie). Pour moi, il n’y a pas de musulmans « radicaux », « modérés », « pratiquants » ou « non pratiquants » : on est musulman ou on ne l’est pas. Dans une de vos livraisons (J.A. n° 2349), j’ai même lu un article dans lequel le ministre tunisien des Affaires religieuses dit que « le voile est un phénomène importé ». Mais importé d’où ? Les occidentaux veulent qu’on accepte leur « civilisation » tout en refusant d’accepter la nôtre. Je suis sidéré de voir que l’Amérique prétend exporter la civilisation au Moyen-Orient et en Iran, berceaux mêmes de toutes les civilisations du monde. Si tous les musulmans affirment fièrement leur identité, le respect sera mutuel.
Abdoulaye Tanimoune, Niamey, Niger

Indigènes : idem en Allemagne !
– Rachid Bouchareb et Jamel Debbouze devraient savoir qu’en Allemagne, aussi, tout a été fait pour écarter les Africains de la loi d’indemnisation travail forcé et esclavagisme de 2000. Pourquoi ? L’explication est simple : pas de lobby, pas d’avocat ! J’ai appris cela au cours des interminables péripéties qui m’ont amené à faire avancer les dossiers des Algériens détenus ici pendant la Seconde Guerre mondiale.
Salim Samai, Berlin, Allemagne

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Culture malienne de la paix
– Fidèle lecteur de Jeune Afrique depuis vingt ans, j’apprécie le professionnalisme des journalistes de votre rédaction ainsi que les « Ce que je crois » de Béchir Ben Yahmed. Je souhaiterais réagir sur la rébellion touarègue au nord du Mali. Nous ne sommes pas surpris de ce comportement d’une frange d’ex-rebelles. Ceci est la conséquence de la complaisance des autorités maliennes à leur égard depuis une quinzaine d’années. Ces ex- rebelles incorporés dans les différents corps de l’armée, de la police, de la douane et autres services ont toujours été choyés. Un rebelle intégré, par exemple, peut abandonner son poste puis choisir d’y revenir sans être inquiété. Un lieutenant ou un colonel analphabète peut commander des officiers instruits. Cette situation a été tolérée au nom de nos traditions séculaires de paix. Il appartient désormais aux autorités de gérer ce dossier de manière responsable.
M. Sidibé, Bamako, Mali

Mali « un et indivisible »
– Les autorités maliennes sont à un tournant historique où les choix stratégiques revêtent une importance capitale par leurs conséquences sur l’avenir du pays. L’autonomie prônée par Hassan Fagaga, qui a revendiqué la récente prise momentanée du camp de Kidal, est inacceptable. Le Mali est un et indivisible et aucune velléité d’indépendance ou d’irrédentisme ne saurait être acceptée. Certes le sud du pays semble connaître moins de problèmes que le nord mais en dehors de la bonne pluviosité dont il profite pour l’agriculture et l’élevage, les investissements publics font défaut partout au Mali. En témoignent certains villages du Sud, dans la région de Sikasso (plus de 2 000 habitants) qui ont attendu longtemps avant d’avoir une école primaire et un petit centre de santé. Dans la région de Kayes, tout est autofinancé au niveau local – avec le concours de ses émigrés. Dans un Nord-Mali trouble où, du « Guide » libyen Kadhafi à Kidal, en passant par les Américains et les salafistes de l’Algérie voisin, le tout sur fond de pétrole, la dimension stratégique n’est point à négliger. Pour ATT et son équipe, tout mauvais choix sera chèrement payé. Gouverner, c’est prévoir. Et prévoir, c’est bien agir.
Yaya Traoré, Dreux, France

L’Iran n’est pas la Libye
– « Pourquoi le précédent libyen ne pourrait-il pas servir de modèle au règlement de la crise iranienne, comme l’admettent aujourd’hui les responsables américains ?» se demande le Financial Times (J.A. n° 2367). Il y a plusieurs raisons – iraniennes – qui expliquent pourquoi le précédent libyen n’a aucune chance de servir de modèle. En voici quelques-unes : les Iraniens, contrairement aux Libyens, n’ont rien à se reprocher. Car ils n’ont agressé aucun pays limitrophe ni commandité des attentats contre des avions de ligne étrangers. Certes, on les accuse toujours de protéger les réseaux terroristes, mais on n’en a apporté aucune preuve tangible. Pour l’instant, ces réseaux sont constitués d’éléments djihadistes sunnites, et non chiites. Les Iraniens ont été eux-mêmes victimes d’attentats terroristes et d’agressions militaires américaines, notamment la destruction en vol d’un avion de ligne iranien en 1987, qui a causé la mort d’une cinquantaine de civils. Téhéran serait bien inspiré de demander des réparations à Washington – c’est le contraire de l’affaire de Lockerbie.
De même, les Américains ont longtemps armé et poussé Saddam, leur allié d’hier, à faire la guerre à l’Iran. Le programme nucléaire iranien, contrairement à celui de la Libye, est bien avancé. Pourquoi Téhéran accepterait-il de démanteler sans sérieuse contre-partie. Contrairement à Kadhafi, dont le pouvoir est illégitime, Mahmoud Ahmadinejad est élu plus ou moins démocratiquement.
Son élection est d’ailleurs la conséquence directe des pressions américaines, qui ont rallumé le sentiment nationaliste perse. On pourrait trouver bien d’autres raisons qui démontrent aux Américains que leurs analyses, souvent trop schématiques, ne résistent pas à l’épreuve des réalités. Comme dans l’affaire de l’Irak, où ils sont embourbés jusqu’au cou, ils continuent de prendre leurs désirs pour des réalités.
R.K., Tunisie

Somaliland, une réalité niée
– Etudiant ivoirien en école de commerce à Lyon, j’ai été particulièrement touché par le reportage sur le Somaliland paru dans J.A. n° 2367. Vous avez franchi un grand pas en parlant de cet Etat qui existe et qui subit la dure épreuve de la non-reconnaissance de la communauté internationale. Personne n’en parle. Je pense que l’impact aurait été plus fort si vous en aviez fait votre une, avec une carte montrant clairement l’existence de cet Etat.
D’ailleurs, à quoi sert-il de rattacher un pays qui fonctionne bien à une Somalie qui n’existe plus depuis quinze ans ? A-t-on peur d’une nouvelle balkanisation de l’Afrique ? L’histoire récente nous montre que les unions forcées ou précipitées sont presque toutes vouées à l’échec. Maintenir artificiellement l’unité de la Somalie est une grave erreur que l’Union africaine, la Ligue arabe et l’ONU devraient s’employer à réparer de toute urgence.
Lassina Traoré, Lyon, France

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Aidons le Somaliland
– Dans votre édition du 21 mai, François Soudanrelate, dans un grand reportage sur le Somaliland, le désastre des grottes de Laas Geel. Je suis prêt à apporter une aide financière.
Bernard Lapointe, San Francisco, Etats-Unis
Réponse : Le mieux est de vous rapprocher du ministère de la Culture du Somaliland à Hargeisa. Courriel : bile_osman@yahoomail.com

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