MUA, l’assureur mauricien qui rêve d’un avenir en Afrique de l’Ouest

Méconnu à l’échelle continentale, le leader des assurances à la Bourse de Maurice grignote méthodiquement des parts de marché dans l’est du continent et lorgne l’Afrique francophone.

Installé à Port-Louis, MUA contrôle 23 % du marché national de l’assurance dommages. © DR

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Publié le 11 février 2022 Lecture : 2 minutes.

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Assurances : quand les « petits » font de la résistance

Dans une période propice aux fusions-absorptions, une poignée d’irréductibles assureurs locaux, d’Abidjan à Douala, tient tête aux poids lourds panafricains et internationaux.

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« Notre principal enjeu, dans le cadre de cette opération, est de réussir l’intégration des deux entités d’ici à la fin de l’année », explique à Jeune Afrique Bertrand Casteres, le directeur général de Mauritius Union Assurance (MUA), à propos de l’un des accords majeurs de l’histoire de son groupe.

Nous sommes alors un an tout juste après le rachat, en juillet 2020, de la branche dommages-IARD de Saham Kenya par MUA Insurance (Kenya), et le spécialiste mauricien des assurances, ingénieur en mathématiques appliquées, affiche de grandes ambitions pour la nouvelle filiale de Nairobi.

Bertrand Casteres, directeur général de MUA. © DR

Bertrand Casteres, directeur général de MUA. © DR

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Dans ce secteur très fragmenté, où aucun des quelque trente-cinq acteurs présents ne représente plus de 10 % du marché, les leaders UAP Insurance, Jubilee (contrôlé par Allianz), CIC General, Britam Insurance, APA Insurance et GA Insurance doivent chacun se contenter de parts allant de 5 % à 8 %.

En 2018, MUA Kenya récupérait à peine 0,5 % des primes émises, pour un chiffre d’affaires de 6,5 millions de dollars. De son côté, avant son absorption par son rival mauricien, Saham Kenya captait environ 2 % des primes d’assurances, pour un chiffre d’affaires près de quatre fois supérieur.

Fortes capacités financières

Du côté de MUA, la manœuvre a été bien calculée. Le groupe, fondé en 1948, a percé en Afrique de l’Est en 2014, en acquérant Phoenix Insurance, dont l’implantation dans la région (Kenya, Tanzanie, Rwanda et Ouganda) remonte à plus de cent ans.

MUA, qui contrôle 23 % du marché de l’assurance dommages à Maurice et 11 % de celui de l’assurance-vie, cible un seuil critique de 3 % pour chacune de ses implantations. En deçà, il agit. Et opte pour des acquisitions. Une stratégie que lui permettent ses capacités financières et son agilité à mobiliser rapidement des fonds grâce à ses 2 000 actionnaires, dont une poignée d’acteurs historiques, qui détiennent 40 % du capital et « ont de l’appétit ». D’autant que les investisseurs plébiscitent le titre à la Bourse de Port-Louis. Depuis le début d’octobre 2021, l’action MUA a gagné 75 %, s’établissant à 149 roupies mauriciennes (3,32 dollars) au début de janvier.

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« Le groupe a démontré sa capacité à lever des fonds propres et des dettes, notamment ces dernières années, sous la forme de deux émissions obligataires [600 millions de roupies mauriciennes entre 2019 et 2021] et d’une augmentation de capital pour un total de 415,8 millions de roupies », confirment à Jeune Afrique les analystes de l’agence de notation locale CARE Ratings.

Des parts à prendre en Afrique francophone ?

La branche non-vie de Saham Kenya (qui n’a pas été intégrée lors de l’acquisition, par le géant sud-africain Sanlam, de son ex-rival marocain Saham) semble la cible idéale pour MUA. « Cette opération [de fusion] nous permet d’atteindre la taille critique pour nous développer en Afrique de l’Est et, en outre, de mettre un pied dans le secteur de la santé de cette région », ajoute Bertrand Casteres.

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En 2020, selon les analystes de CARE Ratings, MUA représentait 3 % du marché au Kenya, 5 % en Tanzanie, 15 % au Rwanda et 3 % en Ouganda.

En matière d’actifs, l’opération fait mathématiquement passer la part de l’Afrique de l’Est dans les revenus de MUA (138 millions de dollars en 2020) de 25 % à 40 %. Une réussite sur laquelle le « petit » mauricien entend bien surfer pour regarder d’autres parts de marché, quelle que soit leur taille, en zone francophone cette fois. Mais, pour l’heure, le groupe, coté en Bourse depuis 1993, n’en dira pas plus.

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