Pétrole : Bagdad tient son « monsieur Propre »
Hussain al-Shahristani a prêté serment le 23 mai. Le nouveau ministre irakien du Pétrole est l’homme clé du gouvernement issu des élections générales de décembre 2005. Sa nomination a fait l’objet de longues et complexes tractations entre les différentes factions politiques du pays. La raison a heureusement fini par l’emporter.
Après une gestion catastrophique, sous contrôle américain, durant l’immédiat après-guerre (entre 2003 et avril 2005), le maroquin est revenu à Hashim al-Hashimi, du parti religieux Fadhila (Vertu). Mais il n’a pas fait mieux. La production pétrolière n’a jamais décollé alors que les cours flambaient : 2,1 millions de barils par jour (b/j), dont 1,5 million à l’exportation. Soit moins qu’avant l’invasion américaine (2,5 millions de b/j). Les milliards de dollars investis pour remettre en état et sécuriser les infrastructures pétrolières (gisements, oléoducs, raffineries) ont été en grande partie dilapidés ou détournés.
En prenant ses fonctions, Shahristani découvre le pot aux roses. Selon le rapport de l’inspecteur général du ministère qu’il trouve sur son bureau, la valeur des détournements de pétrole brut et de carburant vers les pays voisins, notamment l’Iran, la Turquie et la Jordanie, est estimée à quelque 4 milliards de dollars en 2005, l’équivalent de 25 % des recettes officielles d’exportation. Pour le nouveau ministre, il n’y a pas une seconde à perdre. Il dénonce aussitôt les malversations du passé et promet d’y mettre un terme.
Directeur de recherche à la Commission irakienne de l’énergie atomique sous Saddam Hussein, Shahristani s’était illustré par ses prises de position contre la répression des chiites, ce qui lui avait valu la prison puis l’exil. Une détermination et un courage qui plaident en sa faveur. Avant de participer à sa première réunion au sein de l’Opep, le 1er juin, à Caracas, il a fait part de sa volonté d’accueillir les investisseurs étrangers – avec un potentiel de 115 milliards de barils, l’Irak dispose des deuxièmes réserves mondiales après l’Arabie saoudite – et de placer « l’intérêt national » au-dessus de tout.
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