Lisbonne ou la splendeur retrouvée

Publié le 6 juin 2006 Lecture : 3 minutes.

Dans la douceur de ce printemps finissant, jamais la capitale portugaise n’a été plus fidèle à l’atmosphère sereine qui en fait la réputation. Posté à l’embouchure du Tage, tel un verrou contrôlant l’accès au plus long fleuve de la péninsule Ibérique, Lisbonne respire la tranquillité.
Sous un ciel d’azur, la ville, vêtue de blanc, semble avoir retrouvé la prospérité qu’elle affichait aux XVe et XVIe siècles, époque où les grandes découvertes et les aventuriers au long cours en avaient fait la plaque tournante du commerce mondial de l’or, des épices et des pierres précieuses en provenance d’Asie. En ville, grues et immeubles en construction sont légion. Depuis l’intégration du Portugal à la Communauté économique européenne (CEE), il y a vingt ans exactement, l’ancienne Lixbouna mauresque redécolle. À l’instar de tout le pays d’ailleurs, dont le développement est unanimement salué comme l’une des plus belles réussites de l’Union européenne (UE).
Le site de l’Exposition universelle qu’a accueillie la ville en 1998 en est le plus éloquent symbole. Long embarcadère parsemé de pavillons de verre et d’acier, il ressemble à un fronton de modernité plaqué sur le dédale de ruelles et d’escaliers des vieux quartiers lisboètes. Enjambant le Tage dans sa partie la plus large, le pont Vasco-de-Gama lui sert de décor. Capable de supporter des vents de 250 km/h et d’affronter sans trembler un séisme 4,5 fois plus violent que celui qui ravagea la ville le 1er novembre 1755, l’ouvrage, achevé il y a huit ans, fait toujours la fierté des bâtisseurs portugais. Une vertigineuse sensation de légèreté s’en dégage. Surplombé par deux pylônes culminant à 150 mètres, le viaduc, le plus long d’Europe à ce jour (17 km), est suspendu à des haubans qui dessinent deux voiles blanches dans le ciel, en hommage à la vocation maritime qui a toujours été celle de la cité.
En quittant la capitale, une fois dépassée la tour de Belém, ultime vestige du complexe de défense naguère chargé de protéger Lisbonne, les stations balnéaires huppées de Cascais et d’Estoril offrent leurs plages aux rouleaux puissants de l’océan Atlantique. Bienvenue sur la Riviera portugaise ! Golfs, casinos, hôtels de luxe : l’endroit est prisé de la bourgeoisie locale, mais aussi de la jet-set, qui y descend pour suivre tournois de tennis, concours hippiques ou courses de formule 1 sur le circuit Fernanda-Pires-da-Silva. En remontant vers le Nord, les vastes étendues de sable fin cèdent la place aux falaises qui atteignent 140 mètres d’altitude au Cabo da Roca, le point le plus occidental du Vieux Continent.
L’arrière-pays de ce Finistère portugais présente un paysage pittoresque et vallonné. Sur les versants, les alignements de pieds de vignes et d’arbres fruitiers alternent avec les champs de blé. Les crêtes voient, elles, se côtoyer éoliennes aux pales high-tech et antiques moulins à vent aux bras de bois désormais immobiles. Sintra, Torres Vedras, Alenquer Tandis que les bâches de plastique des serres destinées à l’agriculture intensive des fruits et des légumes recouvrent le sol aux abords des agglomérations, églises et palais baroques ou manuélins trônent en centre-ville. Le palais de Mafra est particulièrement impressionnant. Construit au XVIIIe siècle, il fut jusqu’en 1910, date de la proclamation de la République du Portugal, la résidence officielle d’été de la famille royale. Occupant près de 40 000 m2, l’édifice surprend par sa démesure. Il fut bâti pour narguer l’Escorial du voisin espagnol, autant apprécié ici que les quotas de pêche à la morue, le plat national, imposé par Bruxelles

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires