L’ami américain
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La politique rwandaise de réconciliation nationale citée en modèle à l’intention des dirigeants irakiens : en se rendant le 31 mai à la Maison Blanche pour y rencontrer George W. Bush, Paul Kagamé ne s’attendait sans doute pas à un tel hommage. Rien de très étonnant pourtant, les États-Unis n’ayant jamais ménagé leur soutien au Rwanda, petit pays à forte valeur émotionnelle qu’ils considèrent comme l’un de leurs plus fidèles alliés sur le continent.
Reçu dans le Bureau ovale pour la seconde fois en deux ans, le président rwandais s’est donc glissé sans peine dans le costume du bon exemple : c’est « un homme d’action », a commenté Bush, à la tête d’un « pays honnête » et d’une « société transparente » – et qui « sait se faire obéir ». Au cur du dialogue entre les deux hommes, le drame du Darfour, dont on connaît les répercussions médiatiques aux États-Unis, a fourni au président américain l’occasion de valoriser le rôle de son hôte, lequel a dépêché un contingent de plusieurs centaines d’hommes au sein des troupes de l’Union africaine. Un contingent transporté « sur zone » par des avions militaires américains et que Bush s’est engagé à prendre financièrement en charge.
C’est donc un Kagamé aussi réconforté que tranchant – comme à son habitude – qui a profité de sa visite officielle à Washington pour exposer quelques-unes de ses vérités. Dans son collimateur : le Tribunal pénal international d’Arusha, dont il ne cesse de déplorer les lenteurs (« 1,5 milliard de dollars dépensés en dix ans pour juger vingt-six suspects, cela me pose un problème ») et Paul Rusesabagina, le héros du film oscarisé Hotel Rwanda. Véritable star aux États-Unis, où il a été décoré par Bush en 2005, l’ancien gérant de l’hôtel des Mille Collines pendant le génocide, dont le personnage est interprété à l’écran par Don Cheadle, nourrit depuis peu des ambitions politiques qui agacent à Kigali. Nombre de survivants des massacres de 1994 estiment que son rôle de « Juste » et de sauveur de Tutsis a été nettement surévalué dans le film. Kagamé, lui, est allé plus loin : « C’est une réécriture de notre histoire, a-t-il affirmé lors d’une conférence de presse le 31 mai ; c’est un faux portrait et c’est inacceptable. »
Bush, qui s’apprête à recevoir le 6 juin un autre Africain de marque – Denis Sassou Nguesso, le président en exercice de l’UA – n’était pas là pour entendre cette leçon de mémoire
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