Hilde F. Johnson

La conseillère du président de la Banque africaine de développement (BAD) est en train d’élaborer une stratégie en faveur des pays postconflit.

Publié le 6 juin 2006 Lecture : 2 minutes.

Dans les couloirs du centre Ouaga 2000, les 17 et 18 mai, lors des assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD), les 77 ministres des Finances des pays membres de l’institution étaient nombreux à se retourner sur le passage d’Hilde Frafjord Johnson, la conseillère du nouveau président, Donald Kaberuka. Qui est cette dame aux yeux bleus, au regard volontaire, à l’allure sportive et aux robes colorées ? Surtout, que fait cette Norvégienne, s’exprimant d’un ton engagé et ferme, à la BAD ?

Hilde F. Johnson connaît en réalité l’Afrique profonde tout autant – voire mieux – que la plupart des argentiers réunis dans l’immense salle de conférences à Ouagadougou. Elle est née sur le continent le 29 août 1963, à Arusha, quatre mois avant l’indépendance de la Tanzanie. Elle y a grandi jusqu’à l’âge de 7 ans avec ses parents norvégiens : un professeur et une infirmière. Après avoir étudié en Europe, elle est revenue « chez elle en Afrique de l’Est », comme elle aime à le rappeler. Pour ses recherches de jeune thésarde en anthropologie sociale, elle s’est installée durant un an dans un village près du lac Rukwa.
Son doctorat en poche, après des études universitaires à Birmingham (Grande-Bretagne) et à Oslo, elle se lance dans la politique en Norvège, rejoint le Parti chrétien-démocrate en 1988, entre au Parlement (1993-2001) et devient ministre du Développement international (1997). Elle quitte le gouvernement au lendemain de la défaite de son parti aux élections générales d’octobre 2005. Non sans avoir, en sept ans, multiplié par deux le budget de l’aide norvégienne au développement (2,4 milliards de dollars en 2005). C’est dans le cadre de ses responsabilités politiques qu’elle a connu Donald Kaberuka, alors ministre des Finances du Rwanda.

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Élu à la tête de la BAD, ce dernier fait appel à elle pour combler un vide béant depuis la création de la Banque en 1964 : une structure chargée de venir en aide aux pays sortant de crises. Un vrai challenge qu’elle préfère relever plutôt que d’accepter les nombreuses offres venues d’ailleurs. Car il la ramène à l’Afrique, sa passion. Au sein de l’institution, Kaberuka lui propose de créer un centre de réflexion et d’action en faveur de ces pays malmenés par des affrontements et rendus particulièrement « fragiles ».

Le 18 mai, à Ouagadougou, elle expose pour la première fois la nouvelle stratégie de la Banque en faveur de ces « pays abandonnés ». Il s’agit, explique Hilde Johnson, de pays qui n’ont plus rien : ni structures administratives sur lesquelles appuyer leur développement, ni infrastructures de base, ni moyens financiers. Des pays, au final, qui réclament une forme d’aide particulière, puisque les circuits classiques sont trop lents et trop complexes à mobiliser dans des situations d’urgence. En général, ils sont rapidement envahis de consultants étrangers qui repartent en laissant derrière eux des rapports que personne ne lit jamais – ou presque. « Vous n’êtes plus seuls », leur lance Hilde Johnson. Pour elle, il faut réformer toute la démarche. En répondant d’abord aux besoins urgents immédiats, puis en aidant ces pays à former leurs propres capacités humaines.
« Qui mieux que la BAD pourra faire ce travail de proximité et mobiliser les bailleurs de fonds ? » demande-t-elle avec un optimisme à la fois désarmant et contagieux. Avant de prendre congé. Car il va falloir se mettre immédiatement à l’ouvrage : une réunion spéciale l’attend sur trois cas concrets. Le Liberia, le Centrafrique et le Soudan.

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