Euro-africanisme

Le gouvernement a profité de la célébration de la Journée de l’Afrique, le 29 mai, pour inscrire le continent en tête de ses priorités.

Publié le 6 juin 2006 Lecture : 2 minutes.

Si l’Union africaine (UA) et l’Union européenne (UE) parviennent à organiser un second sommet après celui du Caire, en avril 2000, c’est au Portugal qu’elles le devront. Il se tiendrait à Lisbonne durant le second semestre de 2007, au moment où l’Europe sera placée sous présidence portugaise. Le gouvernement de José Socrates a inscrit l’Afrique en tête de ses priorités. Avant la tenue de Lisbonne 2007, il lui faudra au préalable régler un problème de taille : la participation du Zimbabwe, mis à l’index par les Britanniques. Et convaincre les Portugais eux-mêmes du bien-fondé d’une politique internationale aussi ambitieuse, quand l’économie du pays est en crise (lire encadré).
C’est dans ce contexte qu’une centaine de personnalités, de représentants de la société civile et de journalistes ont été invités à célébrer la Journée de l’Afrique*, le 29 mai, lors d’une rencontre organisée par le Groupe des ambassadeurs africains au Portugal. Le doyen de ce « Groupo africano de embaixodores » ne manque pas d’énergie. Ambassadeur d’Angola à Lisbonne depuis 2003, Assunção dos Anjos, 58 ans, a auparavant été directeur de cabinet du président Dos Santos pendant dix ans. Il a su réunir une quinzaine de conférenciers de renom, qui ont débattu avec justesse et hauteur de vue de l’Afrique et du développement durable.
Le secrétaire d’État portugais aux Affaires étrangères, João Cravinho, a donné le ton. « Les pays africains lusophones (Angola, Guinée-Bissau, Cap-Vert, Mozambique et São Tomé) viennent de fêter le trentenaire de leur indépendance. C’est le bon moment pour faire passer nos relations économiques de la logique d’assistance à celle de partenariat. » Mwaila Tshiyembé, professeur aux universités de Paris-XII et de Nancy-I, en France, a ensuite affirmé qu’il « ne peut y avoir de partenariat si l’Afrique n’est pas en paix », ajoutant que la paix ne peut être durable qu’à une condition : « Les dirigeants politiques doivent faire en sorte qu’elle soit partagée par la population tout entière. » Mwatha Mussaji Ngalasso, de l’université Montaigne, à Bordeaux, a également reproché aux politiciens africains de ne pas mettre suffisamment en valeur un continent « d’une si grande richesse humaine et culturelle ». Quant à M’Buyi Kabunda Badi, enseignant à l’université libre de Madrid, il considère que lesdits politiques ont tellement bien assimilé le message libéral de l’Occident que le Nepad n’est rien d’autre qu’un « ajustement structurel que l’Afrique s’applique à elle-même ».
Un trait qu’Elizabeth Tankeu, commissaire de l’UA au Commerce et à l’Industrie, s’est empressée de rectifier en précisant les avancées effectives déjà réalisées dans le cadre du Nepad. Elle a ensuite détaillé les « nombreuses et fructueuses rencontres organisées régulièrement entre l’UE et l’UA ». Une manière fort diplomatique de mettre en doute la nécessité d’organiser un sommet solennel. Ni Alpha Oumar Konaré, président de la Commission de l’UA, ni son homologue en Europe, José Manuel Barroso – portugais, lui-même – ne s’étaient d’ailleurs déplacés pour l’occasion. Le chemin conduisant à Lisbonne 2007 pourrait être encore bien long.

*Avec quatre jours de retard, pour des raisons d’organisation : la Journée de l’Afrique commémore en effet la création de l’Organisation de l’Union africaine (OUA), le 25 mai 1963.

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