Vous avez dit apartheid ?

Publié le 5 mai 2008 Lecture : 2 minutes.

Laissons de côté le vieux Carter, il ne reviendra pas. Il ne faut pas ignorer, cependant, les propos qu’il a tenus. « Apartheid », a-t-il dit. Oui, « apartheid ». Un mot sinistre, effrayant, forgé par les Afrikaners, et qui signifie ségrégation, ségrégation raciale.
Que veut-il de nous, ce sale type ? Qu’avons-nous à voir avec l’apartheid ? Une barrière de séparation constitue-t-elle une vraie séparation ? Les routes séparées réservées les unes aux colons juifs et les autres aux Palestiniens les séparent-elles vraiment ? Les enclaves palestiniennes entre les colonies juives sont-elles des bantoustans ?
Il n’y a pas l’ombre d’une ressemblance entre l’Afrique du Sud et Israël, et il faut être malade dans sa tête pour trouver entre les deux des liens obscurs. Des barrages routiers et des inspections à tous les tournants ; des licences et des permis pour la moindre bagatelle ; l’annexion arbitraire de territoires ; des privilèges spéciaux pour l’utilisation de l’eau ; une main-d’oeuvre bon marché exploitée au maximum ; des familles manipulées au gré des caprices bureaucratiques – rien de tout cela, quoi qu’on dise, n’est de l’apartheid. Ce sont des mesures de sécurité imposées par une nécessité inéluctable, point final.

Les Afrikaners blancs avaient eux aussi de bonnes raisons pour imposer leur politique de ségrégation. Eux aussi se sentaient menacés – le diable était à leur porte, ils avaient peur, et ils étaient prêts à faire ce qu’il fallait pour se défendre. Malheureusement, toutes les bonnes raisons de l’apartheid sont de mauvaises raisons. L’apartheid a toujours une raison, et il n’a jamais de justification. Ce qui est fait au nom de l’apartheid et persécute comme l’apartheid, ce n’est pas un rêve, c’est de l’apartheid. Et cela ne résout même pas le problème de la peur. Aujourd’hui, tout le monde sait que tout apartheid ne peut que mal finir.

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Reste une différence essentielle entre l’Afrique du Sud et Israël. Là-bas, une petite minorité dominait une large majorité, ici, nous sommes presque à égalité. Mais la rupture de l’équilibre se profile déjà à l’horizon. Et lorsqu’il sera rompu, le projet sioniste sera condamné si nous ne décidons pas de quitter la maison des esclaves avant que ne survienne une peste démographique fatale.
Les raisons pour lesquelles nous sommes terrifiés par le mot apartheid sont évidentes. Ce qui devrait nous effrayer, cependant, ce n’est pas la description de la réalité, mais la réalité elle-même. Même Ehoud Olmert a enfin compris que la continuation de la situation actuelle est la fin de l’État démocratique juif. Il l’a dit récemment.
Les Palestiniens n’ont pas eu la chance d’avoir un Nelson Mandela. Les Israéliens n’ont pas eu la chance d’avoir un Frederik De Klerk. Pour leur malheur à tous.

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