Soglo garde Cotonou
La réélection de l’ancien chef de l’État à la mairie de la capitale économique constitue un sérieux revers pour la mouvance présidentielle.
Les efforts du président Boni Yayi n’auront pas été récompensés. L’ancien chef de l’État Nicéphore Soglo, 73 ans, au pouvoir de 1991 à 1996, conserve la mairie de la capitale économique à l’issue des élections municipales du 20 avril. Son parti, la Renaissance du Bénin (RB), a infligé une sérieuse défaite à la liste de la mouvance présidentielle, les Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE), emmenée par le directeur général du port de Cotonou, Jérôme Dandjinou. « Les FCBE ont perdu des voix par rapport à la présidentielle de 2006 et aux législatives de 2007, il s’agit donc d’un vote sanction, reconnaît un proche de Boni Yayi. Les électeurs ne voulaient pas que Soglo sorte du jeu. Nous avons commis l’erreur de l’attaquer frontalement et d’en avoir fait une victime. » La diatribe de Nicéphore Soglo sur Radio France internationale (RFI), en mars dernier, dénonçant la dérive dictatoriale d’un exécutif nostalgique du modèle togolais du général Eyadéma, et la réplique cinglante du palais de la Marina ironisant sur des propos excessifs tenus par une « personnalité vieillissante » ont laissé des traces. « Soglo est aujourd’hui le seul rempart face à Yayi », explique Léandre, un jeune électeur de Cotonou.
« Il était normal que je frappe du poing sur la table, s’emporte Soglo. Le chef de l’État n’écoute personne, se croit au-dessus des lois et n’a pas respecté l’accord politique que nous avions signé, avant le second tour de la présidentielle de 2006, qui prévoyait une gestion paritaire du pouvoir. » La victoire de Nicéphore Soglo conforte en tout cas son fils, Lehady. Premier adjoint sortant, l’ancien candidat à la présidentielle de 2006 ne cache pas ses ambitions pour l’élection de 2011. « Les jeux étaient faits, les FCBE sont arrivées trop tard et la machine RB était déjà lancée », se désole le candidat malheureux Dandjinou.
Malgré sa défaite dans la plus grande ville du pays, la mouvance présidentielle a de quoi se consoler. En ayant mis la main sur la plupart des localités de taille moyenne du Bénin, elle s’est constitué un réseau d’élus prêts à relayer le message du chef de l’État sur l’ensemble du territoire.
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