Qui pour Air Sénégal ?

Six mois après avoir provoqué le divorce avec Royal Air Maroc pour voler « de ses propres ailes », Dakar fait machine arrière et cherche un autre partenaire.

Publié le 5 mai 2008 Lecture : 2 minutes.

Quand elle a été rendue publique, la décision de Dakar était ferme et sans appel. Air Sénégal International (ASI) coupait les ponts avec son partenaire Royal Air Maroc (RAM), pour « voler de ses propres ailes », selon Farba Senghor, ministre des Transports, qui annonçait le 30 octobre « une recapitalisation assurée uniquement par le Sénégal ». Où en est-on six mois plus tard ? « Dakar va s’adjoindre rapidement un partenaire technique qui pourra également être actionnaire », confiait le même Senghor à Jeune Afrique, le 25 avril dernier. Et d’ajouter que « des professionnels espagnols et français discutent actuellement avec nous ».
Quoique imprécises, ces déclarations donnent une nouvelle orientation aux intentions sénégalaises, jusqu’alors obscures, sur l’avenir réservé au fleuron du transport aérien ouest-africain, né en 2001 d’une union entre la RAM, avec 51 % du capital, et le Sénégal, qui détient les 49 % restants. Le scénario du divorce, puis de la nationalisation, prononcé en octobre ne tient plus. ASI a besoin de s’appuyer sur une compagnie de renommée internationale, ne serait-ce que pour présenter des garanties auprès des banques et des loueurs d’avions (sur quatre appareils qu’elle exploite, deux sont en leasing). Et Dakar, qui doit contrôler les dépenses publiques, selon le vÂu des institutions de Bretton Woods, est contraint à un nouveau mariage.

Sous-capitalisée
Reste à savoir qui sera l’élu. Du côté de l’espagnol Iberia, on assure n’avoir eu « aucun contact ». À Air France, on déclare ne pouvoir « ni confirmer ni infirmer » que des négociations sont en cours. Ce serait un revirement : l’acquisition de compagnies africaines ne fait pas partie de la stratégie du transporteur français, comme il l’a rappelé dans le dossier Cameroon Airlines (voir J.A. n° 2464-2465). Longtemps, la rumeur a couru ?qu’Emirates Airlines serait un allié naturel, puisque Dubai Ports World était l’opérateur du terminal à conteneurs du port de Dakar. « Pourquoi voulez-vous que ce soit Emirates ? Nous sommes un pays souverain ! » rétorque Farba Senghor.
Quelle que soit l’identité du repreneur, il devra mettre la main à la poche. En juillet dernier, Air Sénégal International affichait 12 milliards de F CFA (18 millions d’euros) de pertes cumulées sur les exercices 2005 et 2006. Les résultats 2007 ne sont pas encore connus mais, selon une source interne à la compagnie, ils ne s’annoncent guère meilleurs. Royal Air Maroc maintient la pression concurrentielle – l’une des causes de la séparation, selon la partie sénégalaise – et gère aujourd’hui quatorze lignes entre son hub de Casablanca et l’Afrique occidentale et centrale, jouant sur le terrain d’ASI. Qui plus est, le désengagement de la partie marocaine, qui a déjà renfloué son ex-filiale par deux fois, à hauteur de 10 millions d’euros, n’est pas encore effectif. Le capital d’ASI n’a toujours pas été réévalué. Il était estimé à 7 milliards de F CFA lorsqu’il a été constitué, en 2001, par des apports en nature (les droits de trafic ayant été apportés par le Sénégal et un Boeing 737-200 par la RAM). Aujourd’hui, une source interne à la compagnie marocaine confie qu’« aucune modalité du transfert de capital n’a encore été fixée ». Air Sénégal International n’est pas sortie de l’ornière.

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