La chute de la production kényane maintient le prix du thé sous tension

Publié le 5 mai 2008 Lecture : 3 minutes.

Premier producteur africain et numéro trois mondial – loin derrière la Chine et l’Inde -, le Kenya a établi en 2007 un record absolu avec 369 610 tonnes de thé récoltées, contre 310 580 tonnes l’année précédente (+ 19 %). La politique de relance de la filière et une bonne pluviosité expliquent ce résultat, qui a permis au pays d’Afrique de l’Est de devenir le premier exportateur mondial de thé noir – 95 % de la production kényane sont destinés à l’exportation -, devant le Sri Lanka. Cependant, les troubles qui ont marqué la fin de l’année 2007 et le début de cette année ont mis à mal tous les efforts consentis par la filière.

Un calme précaire s’est installé dans l’ouest de la vallée du Rift. La région, qui participe à hauteur de 40 % de la production kényane de thé, aura été la plus durement touchée par les affrontements opposant les partisans du président Mwai Kibaki à ceux de Raila Odinga, le chef de l’opposition. Depuis le début de la crise postélectorale, quelque 30 000 cueilleurs ont fui la vallée, certaines plantations ayant perdu jusqu’à 40 % de leur main d’oeuvre. Des entrepôts et des équipements ont été saccagés par les protagonistes. Sévèrement amputée, la production de thé noir n’a atteint que 24 000 tonnes en février (dernières statistiques connues), contre 35 000 tonnes pour la même période en 2007, indique le Tea Board of Kenya (TBK). Un recul de 31 % ! Facteur aggravant, les principales zones de production connaissent actuellement de fortes chaleurs et un manque de précipitations préoccupants pour la récolte à venir. « La saison des pluies, qui débute habituellement à la mi-mars, aura démarré avec plus d’un mois de retard », s’inquiète la directrice générale du TBK, Sicily Kariuki, qui estime que la production kényane atteindra péniblement 335 000 tonnes cette année.
Les tensions que connaît le Kenya ne peuvent que peser sur un marché mondial dont l’offre est déjà limitée. Après avoir gagné 11,6 % en 2006 et 6,5 % l’année suivante pour atteindre 1,95 dollar, les cours mondiaux du thé devraient poursuivre leur progression en 2008, déclaraient les représentants de la Food and Agriculture Organization (FAO) des Nations unies lors du Forum mondial du thé de Dubai, une réunion biennale regroupant les principaux acteurs de l’industrie mondiale du thé. Déjà, le kilogramme de thé s’est apprécié à 2,42 dollars en moyenne en février aux enchères de Mombasa, contre 1,65 dollar en février 2007 et 1,62 dollar en moyenne sur l’année. Une situation due au manque d’approvisionnement. La faute à l’insécurité qui règne sur le réseau routier. Selon le TBK, 20 900 tonnes de thé seraient arrivées sur le marché de Mombasa, contre 35 000 tonnes un an auparavant.

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Selon le dernier rapport de la FAO, paru en février et citant les résultats les plus récents, la production mondiale de thé pour 2006 s’est élevée de plus de 3 % pour atteindre près de 3,6 millions de tonnes (Mt), tirée par une nouvelle récolte chinoise record à 1,05 Mt, une augmentation de 9,5 % par rapport au précédent record établi en 2005. De même au Vietnam, le programme de réhabilitation et d’expansion mis en Âuvre a permis d’obtenir des rendements optimaux, propulsant la production locale de 28 %, à 133 000 tonnes. En Inde, second producteur mondial, les récoltes ont également enregistré une hausse de 3 % pour atteindre 945 000 tonnes. Toutefois, cette hausse de la production n’a pas été suffisante pour répondre à une demande qui s’est élevée à 3,64 Mt, indique la FAO. Un retournement de cycle n’est cependant pas à exclure. Face à l’attractivité actuelle des prix, à moyen terme, l’offre finira par surpasser la demande, indique Kaison Chang, économiste senior à la FAO, qui estime que des « stratégies doivent être élaborées dès à présent pour continuer de stimuler la demande et d’améliorer la qualité ».

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