Laborieux retour en Afrique

Si les ventes d’armes de la Russie à la Libye vont bon train, ses projets de partenariat avec d’autres pays tels que l’Algérie et l’Afrique du Sud tardent à se concrétiser.

Publié le 5 mai 2008 Lecture : 3 minutes.

C’est à l’Afrique et plus particulièrement à la Libye que Vladimir Poutine a consacré, les 16 et 17 avril, son dernier voyage officiel en tant que président. Cette visite traduit l’importance que le futur Premier ministre russe attache (et attachera) au retour de la Russie sur la scène africaine après l’effondrement de l’Union soviétique dans les années 1990. Pour l’instant, ce retour semble laborieux, les Russes n’ayant pas encore trouvé l’art et la manière.
Avec la Libye, le succès semble réel. Moscou a accepté d’effacer 4,5 milliards de dollars de la dette contractée par Tripoli pour la fourniture d’armes au temps de l’URSS. Ce « sacrifice » s’explique par l’envie de la Russie de profiter de la levée de l’embargo ayant frappé la Libye après l’attentat de Lockerbie. Pas question de laisser l’Occident bénéficier seul de la manne pétrolière qui a valu 40 milliards de dollars de recettes au pays de Mouammar Kadhafi en 2007.
De son côté, Kadhafi a besoin de diversifier ses partenaires. Il a donc conclu avec les Russes pour quelque 6 milliards de dollars de contrats. Le plus important (entre 3 et 4 milliards de dollars) porte sur la fourniture de matériels militaires : avions de combat Sukhoï 35, missiles antiaériens Tor-M2E, hélicoptères et navires, dont des sous-marins. Retour au temps où la Russie fournissait à la Libye l’essentiel de ses moyens de défense.
Les autres accords sont civils et prévoient la construction d’une voie ferrée entre Syrte et Benghazi (2 milliards de dollars), ainsi qu’une coopération gazière et pétrolière qui pourrait déboucher sur une participation de Gazprom dans le gazoduc sous-marin vers l’Italie.
Le président algérien Abdelaziz Boute­flika, reçu en visite officielle à Moscou, les 18 et 19 février, est moins chanceux. Il a été obligé de retourner aux Russes quinze Mig 29 usagés, mais les ponts ne sont pas coupés pour autant. La Russie propose en remplacement ses Mig 35 et 29M2, plus sophistiqués et plus chers. Elle poursuit l’exécution du contrat de 2006, c’est-à-dire la livraison de vingt-huit Sukhoï 30MKA avant 2009.
Le projet d’ « Opep » du gaz que défendait la Russie a rencontré le refus de l’Algérie de créer ce cartel avant 2015. Ce qui n’empêche pas les russes Loukoïl et Gazprom de poursuivre la coopération amorcée en 2006 avec la Sonatrach.
Et comme il faut bien doper les misérables 900 millions de dollars d’échanges annuels, le groupement ferroviaire russo-algérien GFAR a été le seul à présenter une offre technique pour l’aménagement ferroviaire de la région d’Alger tandis que les Chemins de fer russes (RZD) ont annoncé leur intention de participer à l’appel d’offres pour la construction de 16 000 km de rails en quinze ans.
Avec l’Afrique du Sud, le partenariat est presque au point mort. En septembre 2006, Vladimir Poutine était venu renouer avec la première économie du continent africain où le président Thabo Mbeki et ses amis de l’ANC au pouvoir se souvenaient avec gratitude de l’aide de l’URSS dans leur combat contre l’apartheid. On se promit de multiples partenariats. On se promit d’élargir la coopération nucléaire plus au-delà de la livraison par la Russie du combustible pour l’unique centrale nucléaire du continent africain. On parla d’investissements russes dans le manganèse et l’aluminium.
Malheureusement, ces projets tardent à se concrétiser et l’on verra un fâcheux présage dans l’impossibilité où s’est trouvé le ministère russe de la Défense d’expédier dans l’espace un satellite sud-africain. Pis, le commerce entre les deux pays végète à quelques centaines de millions de dollars. Autrement dit, ils demeurent aux antipodes l’un de l’autre, au propre comme au figuré.

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