Diourbel, la fin du voyage
Elimane Fall aura eu les obsèques qu’il voulait. Populaires, débarrassées des contingences officielles qu’il avait en sainte horreur. Seule la sirène du motard qui précédait le convoi funèbre pour l’aider à sortir de Dakar, si encombré, a dû l’agacer.
Plutôt qu’à Nioro, sa ville natale, il a tenu a être enterré à Diourbel, aux côtes de sa mère. Son frère aîné, Pape, ne savait plus quoi faire de sa douleur : répondre aux compassions, organiser l’interminable ralliement au domicile familial, ou tenter de consoler Issa, l’inconsolable fils aîné d’Elimane.
Les funérailles ont eu lieu, le 2 mai, à l’issue de la grande prière du vendredi. Jour où, pour les musulmans, les portes du paradis sont grandes ouvertes.
Assurément, Elimane aura apprécié sa cérémonie. Lui qui se disait un « talibé perpétuel » a quitté, ceint de son seul linceul, le cercueil dans lequel il voyageait depuis l’hôpital parisien de Bichat. Il a pris possession de sa dernière demeure, là, dans sa terre natale, alors qu’une vingtaine de talibés faisaient pleurer la foule en récitant « el Bourda », les prières qui servent de fond sonore aux enterrements musulmans. La terre de Diourbel n’a d’autre choix que de lui être légère.
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