Décompte macabre au Darfour
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John Holmes, secrétaire général adjoint de l’ONU chargé des affaires humanitaires, vient d’annoncer que 300 000 personnes étaient mortes au Darfour depuis le début du conflit, en 2003. Elles étaient 200 000 en mars 2005, lors de la précédente estimation de l’ONU (qui prend en compte les décès liés au conflit, mais aussi aux maladies, à la malnutrition, etc.). Voilà qui relance la polémique : le bilan des victimes au Darfour est-il gonflé ou sous-estimé, pour des raisons politiques ?
Pour Mustafa Osman Ismaïl, conseiller du chef de l’État soudanais Omar Hassan el-Béchir, les chiffres de l’ONU sont infondés et utilisés pour faire pression sur Khartoum. Le Soudan est en effet sous sanctions américaines et accusé par les pays occidentaux d’entretenir le conflit. Selon le gouvernement soudanais, 2 000 personnes sont mortes depuis 2003. Un bilan jugé irréaliste.
Les États-Unis considèrent que les chiffres les plus crédibles sont ceux du Centre de recherche sur l’épidémiologie des désastres (Cred), affilié à l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ce dernier recense 148 000 décès directement liés au conflit entre 2003 et 2008. À ce décompte, le Cred ajoute celui des morts pour d’autres raisons, telles que les maladies. Un chiffre indéterminé mais nécessairement réduit, la règle voulant que le taux de mortalité diminue pendant les conflits de longue durée, sous l’effet conjugué de l’assistance humanitaire et de la baisse de la fécondité. Ce qui, dans tous les cas, conduit à un total nettement en deçà des 300 000 morts de John Holmes.
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