Copie conforme

Publié le 5 mai 2008 Lecture : 2 minutes.

Il souhaitait incarner la rupture. Un an après son élection, force est de constater que Nicolas Sarkozy n’a pas chamboulé les us et coutumes d’une Françafrique qu’il souhaitait, un peu hâtivement, enterrer. Le candidat Sarkozy avait une obsession en matière de politique étrangère : faire de l’anti-Chirac. Sa récente visite en Tunisie (28-30 avril) vient au contraire confirmer le retour en force du pragmatisme chiraquien (voir Focus pp. 16-17). Après les grands principes, comme « mettre les droits de l’homme au coeur de la politique extérieure de la France », la réalité. En Tunisie, comme ailleurs sur le continent, il ne fait pas bon froisser ses homologues. Le « langage de vérité » que le futur président souhaitait tenir devant les Africains n’aura guère dépassé le stade du programme électoral. Mieux vaut donc se faire discret pour signer de bons contrats. Et mener le combat pour la défense des droits de l’homme de préférence sous d’autres cieux. Là où les intérêts du pouvoir sont moins directement engagés.

Sacrifier un secrétaire d’État coupable d’avoir critiqué la mauvaise gouvernance de chefs d’État en Afrique centrale ? C’est la moindre des choses. Le soldat Bockel s’occupera des Anciens Combattants. Faire les yeux doux à Mouammar Kadhafi, pendant que Rama Yade et Bernard Kouchner boudent dans leur coin ? Élémentaire. S’appuyer sur les services et les réseaux d’un avocat ultime héritier de Jacques Foccart, l’architecte de la Françafrique ? Pourquoi pasÂ
« Le temps des réseaux occultes et des émissaires autoproclamés est révolu. C’est justement à ce système de relations personnalisées dans lequel on traite indistinctement avec les démocraties et avec les dictatures que je souhaite mettre un terme », déclarait Sarkozy dans une interview remarquée à Jeune Afrique, en novembre 2006. Idriss Déby Itno, Mouammar Kadhafi, Omar Bongo Ondimba, Zine el-Abidine Ben Ali, Denis Sassou Nguesso et quelques autres peuvent mesurer le chemin parcouruÂ
Les allures commerciales des déplacements présidentiels, aujourd’hui jugés à l’aune des milliards d’euros qu’ils rapporteront (peut-être), ne sont pas sans rappeler les voyages VRP de Chirac. Et les contours, l’organisation, le casting des acteurs de la politique africaine de Sarkozy ressemblent étrangement à ceux en usage sous son prédécesseur. Même absence de poids du ministre des Affaires étrangères sur les dossiers stratégiques, même prééminence de la structure diplomatique élyséenne, rôle identique du secrétaire général de l’Élysée Copie presque conforme ! Pour le meilleur et pour le pireÂ

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