Année noire pour le port de Casa

En attendant l’ouverture à la concurrence, la principale plate-forme maritime des échanges commerciaux du Maroc s’engorge chaque jour un peu plus.

Publié le 5 mai 2008 Lecture : 3 minutes.

Quatrième port commercial d’Afrique, Casablanca assure près de 60 % des exportations et des importations marocaines. Mais en dépit de sa capacité de 700 000 EVP (« équivalent vingt pieds », l’unité de mesure des conteneurs), il est, aujourd’hui, complètement saturé. Une fois débarqué, un conteneur attend treize jours environ avant d’être évacué. Les bateaux en rade peuvent patienter jusqu’à une semaine avant d’être déchargés. « Nous avons dû faire face à une augmentation exceptionnelle du trafic en 2007, explique Mohammed Abdeljalil, président du directoire de Marsa Maroc. Mais nous nous sommes engagés à aménager des terre-pleins supplémentaires pour augmenter les capacités de stockage. Nous allons aussi investir dans du nouveau matériel et améliorer le traitement des conteneurs. Environ 2 % d’entre eux sont mal localisés, et nos équipes perdent du temps à les rechercher. »
Pour l’heure, l’entreprise publique qu’il dirige est le seul opérateur portuaire. L’ouverture à la concurrence ne se fera pas avant la fin de l’année, avec l’arrivée de la Somaport. Cette société, filiale du groupe français CMA-CGM, réalise actuellement d’importants investissements en vue d’augmenter de 40 % la capacité actuelle du port. De son côté, l’Agence nationale des ports (ANP) s’est engagée à commencer les travaux d’un troisième terminal en 2008. Des appels d’offres ont été lancés, et plusieurs soumissionnaires se sont manifestés dans cette perspective. Parmi eux, la Société générale des travaux du Maroc (SGMT) et la Somagec.

Augmentation des tarifs
En attendant la fin de ces chantiers, l’ANP mise sur l’augmentation des tarifs de magasinage des conteneurs à l’importation, entrée en vigueur le 2 mai, pour réguler le trafic. Si les délais de franchise sont dépassés de cinq à sept jours – permettant d’allonger la période pendant laquelle les conteneurs peuvent quitter le port sans payer de taxe de stockage -, les coûts augmentent au-delà d’une semaine. La manoeuvre, qui s’inscrit dans la « feuille de route » lancée par le ministère marocain des Transports et les acteurs portuaires pour en finir avec les inquiétants problèmes d’engorgement du port apparus fin 2007, vise à dissuader les importateurs de le transformer en entrepôt.
Ces initiatives suffiront-elles à calmer la grogne des utilisateurs ? Rien n’est moins sûr. Pour beaucoup, le problème dépasse de loin, en effet, les objectifs visés par ces aménagements. Nombreux sont ceux qui remettent en question, par exemple, la réforme du port lancée il y a un an. Celle-ci avait mis fin à un système d’un autre âge : la manutention sur les bateaux était assurée par des privés, et une société publique, l’Office d’exploitation des ports (Odep), assurait le travail à terre. Cette situation pesait lourd sur les coûts de passage et la productivité. Autre anomalie, l’Odep jouait le rôle d’autorité portuaire et se retrouvait, de fait, juge et partie. Le nouveau texte a sonné le glas de l’Odep, qui a éclaté en deux entités : l’ANP, nouvelle autorité portuaire, et Marsa Maroc.
« On attendait tous cette réforme, mais elle devait également instaurer la libre concurrence. Pour cela, on va devoir encore attendre », regrette un usager. Pour lui, l’augmentation du trafic ne suffit pas à justifier les problèmes d’engorgement. « Si l’ancien système n’était pas très efficace, Marsa Maroc a du mal à mettre en place sa nouvelle activité. Les cadences de chargement et de déchargement ont considérablement diminué. Cela est dû aussi bien à un mauvais entretien des machines qu’à un manque de savoir-faire des personnels. Autre problème : beaucoup de hangars ont été rasés pour préparer le terrain en vue de l’arrivée des conteneurs de Somaport. Mais il y a, du coup, d’autant moins de place pour entreposer les marchandises conventionnelles. » Une chose est sûre, le port de Casablanca semble avoir bien du mal à suivre la libéralisation des échanges et l’accélération des investissements.

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