Voyage en étymologie

Publié le 6 mai 2003 Lecture : 2 minutes.

Quel rapport entre la baleine et le sexe de l’homme ? La largeur ? La longueur ? La couleur ? Que nenni : l’étymologie ! En grec, la baleine s’appelait « phallaina ». Un mot issu de la racine indo-européenne « bhel- » qui signifie « (se) gonfler ». Et a aussi donné « phallus ». CQFD.
Pour rester chez les mammifères marins, on apprendra par ailleurs que le spermaceti n’est pas le résultat d’une éjaculation de cétacé, mais une substance huileuse qui se trouve dans la tête des cachalots – aussi appelée « cétane », de « kêtos », « monstre marin » – et est utilisée en parfumerie.
Voyager chez les animaux grâce à l’étymologie, voilà ce que proposent Henriette Walter et Pierre Avenas avec leur Étonnante Histoire des noms de mammifères. De la musaraigne étrusque à la baleine bleue, illustrée par François Boisrond (Robert Laffont, 490 pp., 24 euros). Les pirouettes de la langue française permettent d’étonnantes découvertes : en voici une sélection toute subjective en guise de mise en bouche…
Le castor. En anglais, « Beaver », qui valut à Simone de Beauvoir le doux surnom que lui donnait Jean-Paul Sartre. Mais qui reste aussi indissociable de la géographie française (via le latin « fiber » et l’allemand « biber ») : La Motte-Beuvron, Bièvres, Brévannes, Brévands, Vébron, etc., doivent tous leur nom au gros rongeur aquatique bâtisseur de barrages.
La girafe. On apprendra que la girafe s’appela « camelopardalis » en latin (chameau-panthère), « caméléopard » ou « chameau-pard » en ancien français, avant de devenir « girafe » sous la plume de Marco Polo, emprunté à l’arabe « zarâfa ».
L’orang-outang. Grand singe aux bras interminables, Pongo pygmaeus s’est longtemps appelé « pongo », de la famille des pongidés. Puis le nom « orang-outang », du malais « orang » (« homme ») et « hûtan » (« forêt ») s’est imposé…
L’ornithorynque. Animal ô combien mystérieux qui arbore un bec de canard, une queue plate et des pattes palmées. Il possède un appareil de reproduction fort original : les voies génitales, urinaires et digestives se terminent par un seul orifice, une sorte de cloaque comme celui des oiseaux. De surcroît, la femelle pond des oeufs, les couve, mais allaite ses petits. Quant à son nom (en latin Ornithorhynchus anatinus), il signifie « au bec d’oiseau semblable à celui d’un canard ».
Le spermophile. Pour retomber sur nos (quatre) pattes et bien clore cet article, il nous faudrait l’adresse de cet écureuil terrestre aux bajoues volumineuses qui doit son nom à l’amour qu’il voue… aux graines (« sperma » : « graine » ; « philos » : « qui aime »).
De « vespertilion » en « viscache » et de « potamochère » en « dinothérium », voilà un livre érudit et amusant qui vous évitera désormais de confondre « olisbos » et « ovibos », qui n’ont décidément rien à voir. À vos dictionnaires !

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