BD : Scheena Donia contre le culte de l’enfant roi

Dans « C’est maman qui commande », l’influenceuse gabonaise, installée à Paris depuis dix ans, défend avec humour l’autorité matriarcale.

« C’est maman qui commande » de Scheena Donia, Editions Coast to Coast, 12 euros © Yann Megnane

« C’est maman qui commande » de Scheena Donia, Editions Coast to Coast, 12 euros © Yann Megnane

eva sauphie

Publié le 1 février 2022 Lecture : 2 minutes.

Exit l’enfant tyran ! « Mon fils et ma fille me répètent que c’est moi le dictateur à la maison », ironise Scheena Donia, la quarantaine triomphante, mère de quatre enfants. Dans sa première bande dessinée au titre limpide, C’est maman qui commande, l’influenceuse et coach en image livre des scènes de vie quotidienne entourée de ses plus petits, âgés de 10 et 11 ans au moment de l’écriture du projet. Face aux sollicitations tous azimuts, la cheffe de famille n’hésite pas à dire qu’elle n’a pas le temps. Aux questions cryptiques, elle roule des yeux. Aux caprices, elle ne cède pas. Et surtout, Scheena responsabilise ses enfants, Pap et Jo, en leur ordonnant de contribuer aux tâches ménagères.

Satire illustrée

Ça râle, rouspète, pleurniche, mais c’est maman qui commande donc, et qui mène ses enfants à la baguette. « La BD est une satire illustrée du culte de l’enfant roi dont j’entendais parler quand je vivais encore au Gabon, se souvient cette native de Bitam, dans le nord du pays. Cet enfant que l’on ne doit surtout pas frustrer, contredire, frapper. La punition corporelle en Afrique par exemple, c’est la norme. Je voulais me moquer de ces petits tyrans, avec beaucoup d’humour et d’amour », concède l’autrice. La troisième génération d’immigrés a voulu s’affranchir de ces méthodes d’éducation africaine. J’ai une sœur qui refuse de lever la voix sur son enfant par exemple. Il y a une volonté de perpétuer ou d’arrêter un cycle », poursuit-elle.

Peu importe le milieu culturel dans lequel on vit, on ne change pas sa manière d’éduquer ses enfants

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Installée à Paris depuis 2012, c’est donc naturellement que Scheena Donia a placé son histoire dans la capitale française, en ne manquant pas d’y incruster des éléments liés aux racines africaines de ses enfants, eux aussi nés au Gabon. « Peu importe le milieu culturel dans lequel on vit, on ne change pas sa manière d’éduquer ses enfants », pose-t-elle. Un ouvrage de cuisine de Cotonou, « une référence à Georgiana Viou », comme livre de chevet, un pot de beurre de cacahuètes et une bouteille d’huile d’arachide pour agrémenter une recette aux haricots rouges font ainsi partie du décor et de l’environnement de cette famille à la double-culture. « La gastronomie est le meilleur point d’entrée pour se relier à l’Afrique. Dès le biberon, mes enfants gouttaient déjà au gombo et au piment », plaisante Scheena.

« Zambe » (seigneur), « lê-lê lê » (aïe aïe aïe)… C’est maman qui commande (12 euros), qui a trouvé un éditeur en Côte d’Ivoire (Coast to Coast éditions), est écrit en français, mais fait aussi la part belle aux expressions et interjections propres au pays d’origine de la petite famille. Disponible en ligne, la bande dessinée est distribuée en France, en Côte d’Ivoire (Fnac) et au Sénégal (Librairie Quatre vents). Cette fan du travail de Marguerite Abouet espère aussi traduire son livre en anglais et l’adapter au cinéma pour que tous les « enfants de la diaspora puissent reconnaître leur maman en lisant cette histoire ».

C’est maman qui commande, Scheena Donia, Editions Coast to Coast, 12 euros

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