Cameroun : après Paul Biya, un dauphin surprise à la tête du pays ?

« Cameroun : les scénarios de la succession » (2/4). Que se passerait-il si, dans un an, Paul Biya n’était plus président ? S’est-il choisi un successeur ? Qui pourrait avoir sa bénédiction et celle du RDPC, essentielle pour qui espère un jour s’imposer dans les urnes ? JA s’est intéressé à ces ambitieux qui, dans l’ombre, avancent leurs pions.

Louis-Paul Motaze, le ministre camerounais des Finances, et Alamine Ousmane Mey, le ministre de l’Économie.

MATHIEU-OLIVIER_2024

Publié le 1 février 2022 Lecture : 9 minutes.

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Cameroun : les scénarios de la succession de Paul Biya

Le 13 février, Paul Biya fêtera pour la quarantième fois son anniversaire au sommet de l’État. Mais que se passerait-il si, dans six mois, dans un an, il n’était plus en capacité de gouverner ?

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Combien sont-ils à avoir levé les yeux vers le palais, tentant de percer, à travers la légère brume matinale, les secrets du saint des saints ? Ambassadeurs et ministres, hommes d’affaires et intrigants, simples badauds ou électeurs curieux… Tous ont, un jour ou l’autre, rêvé de résoudre l’énigme du Sphinx d’Etoudi et de trouver la réponse à la sempiternelle question : qui succèdera à Paul Biya ? Beaucoup ont échoué.

Trop arrogant ? L’ambitieux Marafa Hamidou Yaya croupit depuis presque dix ans derrière les grilles de Kondengui. Trop pressé ? Titus Edzoa a payé de deux décennies d’emprisonnement le fait d’avoir voulu passer du secrétariat général de la présidence à la magistrature suprême. Trop sûrs d’eux ? Des ministres un temps qualifiés de tout-puissants ont vu leurs rêves de grandeur réduits à néant dans l’impitoyable jeu du trône de Yaoundé. Un homme, seul au sommet, détient les clés du scénario de sa propre succession.

Durant quatre décennies, Paul Biya, dans le rôle du machiavélique metteur en scène, en a plusieurs fois changé les acteurs. En ce mois de février 2022, alors qu’il s’apprête à fêter ses 89 ans en compagnie de sa famille, a-t-il enfin achevé le script de l’avenir du Cameroun – script qui devra bien, un jour, s’écrire sans lui ? Au milieu de l’année dernière, le chef de l’État a lancé l’un des chantiers les plus attendus de ces dernières années : le renouvellement des organes du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir).

« On ne va pas organiser une primaire !”

« Cela a ressemblé à un coup d’envoi. Tous les barons du parti ont voulu placer leurs pions pour être le mieux positionné possible », sourit un cadre du RDPC, que Paul Biya préside sans discontinuer depuis sa création. Dans la région du Sud, Louis-Paul Motaze, le ministre des Finances, et Samuel Mvondo Ayolo, le directeur du cabinet civil du chef de l’État, se sont disputés la suprématie dans les instances locales de Sangmelima. Dans l’Ouest, des jeunes ambitieux, comme Célestine Ketcha Courtes et Eric Niat, fils du président du Sénat, se sont embarqués dans une lutte d’influence, tandis que le décès du sultan Ibrahim Mbombo Njoya, patron régional du parti au pouvoir, a rebattu les cartes.

Si Paul Biya se choisit un successeur, il devra tôt ou tard le présenter au parti

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