Tony Blair face aux siens

Un sondage d’opinion fait apparaître un net glissement de l’opinion britannique en faveur de l’Amérique. Au détriment de la France et, à un degré moindre, de l’Europe.

Publié le 5 mai 2003 Lecture : 2 minutes.

Contrairement au président de la République française Jacques Chirac, qui préconise entre l’Europe et les États-Unis « des relations de partenariat entre partenaires égaux », Tony Blair veut « une seule puissance polaire qui englobe un partenariat stratégique entre l’Europe et l’Amérique ». L’opinion britannique ressent-elle comme son Premier ministre l’existence et le besoin d’un « lien spécial » entre la Grande-Bretagne et les États-Unis ? Un sondage publié par le Financial Times en complément du texte où Blair faisait cette déclaration (voir tableaux ci-contre) fait apparaître un glissement de l’opinion nettement favorable à l’Amérique et défavorable à la France, avec un recul de l’intérêt pour l’Europe :
– 73 % des Britanniques interrogés considèrent que les États-Unis sont l’allié le plus fiable de la Grande-Bretagne, et 55 % que la France est l’allié le moins fiable.
– 42 % pensent que l’Europe est plus importante pour la Grande-Bretagne que l’Amérique, mais ils étaient 50 % l’an dernier à en juger ainsi. Au contraire, ils sont 34 % à juger l’Amérique plus importante, alors qu’ils n’étaient que 29 % l’an dernier. Il y a dix ans, l’écart en faveur de l’Europe n’était pas de 8 points, mais de 42 !
Malgré les manifestations monstres qui ont eu lieu à Londres contre la guerre en Irak, la politique étrangère de Tony Blair bénéficie d’un large soutien de l’opinion : si l’on additionne les opinions favorables et plutôt favorables, on constate que trois Britanniques sur quatre considèrent que la Grande-Bretagne « joue un rôle positif dans le monde ». Beaucoup, manifestement, pensent qu’elle est encore « une puissance importante ».
S’agissant de l’influence exercée par Washington sur Londres, les Britanniques sont divisés : 43 % pensent que la Grande-Bretagne « ne fait que ce que l’Amérique lui dit de faire », et 44 % considèrent qu’elle garde sa liberté de décision.
Blair est toujours convaincu que l’ONU doit jouer un rôle « vital » dans la reconstruction de l’Irak, à la fois sur le plan politique et sur le plan humanitaire. « Il n’est pas de notre intérêt, à l’Amérique et à la Grande-Bretagne, d’avoir en Irak un gouvernement qui n’ait pas clairement une légitimité internationale », a-t-il déclaré au Financial Times. Mais sur ce point, il n’est suivi qu’avec des réserves par son opinion : 45 % des Britanniques ont un jugement défavorable à l’égard des Nations unies, et 33 % seulement un jugement favorable.

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