Sans frein ni garde-fou
Publié le 6 mai 2003 Lecture : 1 minute.
Le football africain ne cesse de s’appauvrir. Chaque année, des dizaines de jeunes, âgés entre 16 ans et 20 ans, quittent les centres de formation privés ou fédéraux pour rejoindre les clubs européens. Si certains font beaucoup parler d’eux, une armée d’inconnus, poussés par des « agents » sans scrupule ou par des dirigeants plus intéressés par des commissions occultes que par leur avenir, part tenter l’aventure dans l’indifférence générale. Pour la majorité d’entre eux, la désillusion est à la mesure des espoirs nourris. Rares sont ceux à s’être imposés et à avoir poursuivi leur progression. Les colloques se sont multipliés pour dénoncer le phénomène et réclamer, outre une authentique politique de formation, la mise en place d’une législation dissuasive dans les pays « exportateurs », accompagnée d’une réglementation de la profession d’agent de joueurs. En vain. Seuls les nouveaux règlements de la Fifa concernant le statut et le transfert des joueurs sont entrés en vigueur le 1er septembre 2001 (voir page 66). Il est encore trop tôt pour en mesurer l’impact sur l’exode des footballeurs africains.
Aujourd’hui, plus de 400 d’entre eux sont sous contrat avec des clubs professionnels, en Europe et en Asie. Si la France (142 joueurs engagés en Ligues 1 et 2), la Belgique, le Portugal et la Suisse demeurent en tête des pays d’accueil, l’Angleterre, l’Allemagne, la Pologne, la Russie et la Turquie s’ouvrent de plus en plus au continent. Soixante et un Africains – de 17 nationalités différentes – ont pris le départ de la Ligue des champions d’Europe 2002-2003. Un véritable record. Le Nigeria (12 joueurs), le Sénégal (10), le Ghana (7), le Cameroun (5) et l’Afrique du Sud (3) sont les nations les plus représentées. Au total, 25 championnats européens utilisent leurs services. Et les pays du Golfe, Israël et l’Asie du Sud-Est font aussi leur marché au sud du Sahara. Tout comme l’Afrique du Nord, où les jeunes joueurs se retrouvent souvent à la merci d’employeurs « indélicats ».
