Remodelage tous azimuts

Publié le 6 mai 2003 Lecture : 4 minutes.

L’Afrique n’a pas échappé à la tendance inflationniste en vogue. En 2002, les joueurs non expatriés ont été sur la brèche pratiquement chaque week-end, douze mois sur douze. La CAF a organisé six compétitions : XXIIIe CAN au Mali, VIe Ligue des champions, XXVIIe Coupe des vainqueurs de coupe, Xe Coupe de la CAF, Xe Supercoupe des clubs, IIIe Championnat féminin d’Afrique, sans compter les éliminatoires du VIIe Championnat des moins de 20 ans et celles du Ve Championnat des moins de 17 ans. Bilan : 432 rencontres entre le 19 janvier et le 22 décembre. La même année, les expatriés ont disputé la CAN, le Mondial en Asie (17 matchs pour 110 joueurs) et rempli toutes leurs obligations avec leurs clubs (compétitions nationales et internationales).
Ces années surchargées n’épargnent pas la santé des joueurs – la commission médicale de la Fifa a d’ailleurs lancé une étude sur leur seuil de « fatigabilité » – et affectent leurs performances. La Fifa a réagi en élaborant un calendrier international unique, et la CAF lui a emboîté le pas. Elle s’est d’abord préoccupée de la CAN, dont la périodicité (tous les deux ans) a été coulée dans le béton – elle assure le gros des recettes de l’organisation. Puis elle a adopté, après un court débat lors de son assemblée générale, le 17 janvier à Bamako, un amendement à l’article 1 du règlement de l’épreuve. Celui-ci stipule désormais que :
– dans les années de Coupe du monde, la CAN fera office d’éliminatoires ;
– les quatre demi-finalistes seront automatiquement qualifiés pour la Coupe du monde ;
– les autres places qualificatives seront déterminées sur la base d’un règlement élaboré par la Commission d’organisation avant chaque phase finale.
Au fil des mois, des critiques se sont fait entendre. Ainsi le forum consacré au développement du football africain, organisé par la CAF au Caire les 21 et 22 octobre 2002, exprimait-il de fortes réserves. Le 12 décembre, toujours au Caire, la CAF réunissait une commission ad hoc recommandant l’adoption d’une formule qui « réponde aux attentes sportives et financières des associations nationales », à savoir des éliminatoires simultanées pour la Coupe du monde et pour la CAN : en fonction du nombre des pays africains engagés et à l’issue de deux tours préliminaires, trente équipes seront dégagées et réparties en cinq groupes de six. Les cinq premières formations seront qualifiées directement pour la Coupe du monde et décrocheront un ticket pour la phase finale de la CAN. Elles y seront rejointes par les cinq équipes classées deuxièmes et les cinq troisièmes. Le champion d’Afrique en titre ne sera pas exempté des éliminatoires pour le Mondial, pas plus que le pays hôte de la CAN. Si ce dernier fait déjà partie des quinze meilleurs, un système sera mis en place pour dégager une seizième équipe. Cette formule, approuvée par la Fifa, devra entrer en vigueur pour la CAN 2006, en Égypte, qui servira donc de qualification pour le mondial 2006 en Allemagne.
Au niveau des clubs, la réforme de la Ligue des champions n’est pas sans susciter quelques remous. Car l’enjeu financier est d’importance : depuis 2001, la compétition est dotée de 1 million de dollars pour le vainqueur, 700 000 pour le finaliste, 450 000 pour les perdants des demi-finales, 275 000 pour les équipes classées troisièmes de leur groupe, et 200 000 pour les quatrièmes. Afin « d’ouvrir la Ligue des champions aux meilleurs et de l’enrichir en stimulant sa commercialisation », la réforme prévoit d’octroyer douze places supplémentaires aux pays dont les équipes ont réussi les meilleures performances dans la compétition. Ce qui devrait bénéficier en premier lieu aux clubs nord-africains, qui disposent de moyens conséquents non seulement pour conserver leurs meilleurs joueurs, mais aussi pour en recruter d’autres et engager des entraîneurs étrangers. Depuis la création de la Ligue en 1997, ils l’ont ainsi remportée à quatre reprises : le Raja de Casablanca en 1997 et 1999, les Égyptiens Nadi al Ahly en 2001 et Nadi Ezzamalek en 2002. Avec la réforme, qui devrait être appliquée en 2004, la zone nord de l’Afrique pourrait doubler le nombre de ses représentants (pratiquement deux pour l’Algérie, l’Égypte, le Maroc et la Tunisie) et ainsi consolider sa suprématie. Il restera à assainir l’environnement sportif de la Ligue des champions (on a assisté à une multitude d’incidents déplorables sur les stades nord-africains), à le professionnaliser et, surtout, à améliorer une couverture télévisuelle pour le moins défaillante.
Enfin, pour compléter ce remodelage, la Coupe des vainqueurs de coupe, née en 1975, et la Coupe de la CAF, lancée en 1992, fusionneront dès 2004. La nouvelle épreuve sera ouverte en priorité aux vainqueurs des coupes nationales. Douze places seront aussi offertes aux pays les mieux classés dans les deux anciennes formules, et huit autres aux clubs éliminés à l’issue des huitièmes de finale de la Ligue des champions, à condition que les recettes tirées de la commercialisation des compétitions le permettent. Là encore, compte tenu du palmarès de leurs clubs, les Nord-Africains seront gâtés.

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