Qui gouverne le pays ?

Publié le 5 mai 2003 Lecture : 2 minutes.

L’Irak est désormais dirigé par un gouvernorat de neuf personnes, dont cinq généraux (d’active ou à la retraite), placé sous la responsabilité du Pentagone et de son patron, Donald Rumsfeld.
Le général Jay Garner est en quelque sorte le gouverneur principal, installé à Bagdad, de cette administration intérimaire. Il est assisté de deux généraux d’active : le Britannique Tim Cross et l’Américain Ronald Adams, qui ont déjà servi dans les Balkans. Garner dépend directement du chef du Centcom, le général Tommy Franks, et a pour interface « politique » avec la Maison Blanche l’envoyé spécial de cette dernière en Irak, Zalmay Khalilzad.
Trois civils, très liés au Pentagone, se partagent, sous l’autorité de Jay Garner, les principaux secteurs de la « reconstruction » de l’Irak. Michael Mobbs, un faucon conservateur proche de Rumsfeld, est chargé de la « reconstruction politique » du pays. Lewis Luke, un ancien dirigeant de l’agence Usaid, de la « reconstruction matérielle », et George Ward, ex-officier des marines au Vietnam, ex-ambassadeur des États-Unis en Namibie et spécialiste des opérations de maintien de la paix, de la « reconstruction humanitaire ».
Enfin, deux généraux à la retraite et une diplomate de choc font office de gouverneurs de régions. Buck Walters, trente-deux ans d’armée, dont dix de Vietnam, dirige le Sud, avec QG à Basra. Bruce Moore, un Texan qui a servi au Vietnam, en Somalie et au Nigeria (comme attaché militaire), avant de coordonner pour le Pentagone les activités de lutte antiterroriste en Afrique, règne sur le Nord, avec QG à Irbil. Et Barbara Bodine, qui fut ambassadeur au Yémen, gouverne le Centre, avec siège à Bagdad. Cette femme, une « dure à cuire » comme les aime George W. Bush, a été deux fois prise en otage au cours de sa carrière. Il y a quelques années, un avion à bord duquel elle se trouvait était détourné par un pirate de l’air au-dessus de l’Arabie saoudite et, en août 1990, numéro deux de l’ambassade US au Koweït, elle fut brièvement détenue lors de l’invasion de l’émirat par les troupes de Saddam Hussein.
De ce commando très militarisé et ultraconservateur, censé guider le néoprotectorat irakien vers la démocratie après y avoir imposé la Pax americana, est absente pour l’instant une figure médiatique : celle du général d’origine libanaise John Abizaid. La « sensibilité proarabe » dont il est parfois taxé a-t-elle été jugée rédhibitoire ? s

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