Où sont les femmes ?
Associer – enfin ! – les Africaines au développement du continent, tel était l’objectif du forum qui s’est tenu à Libreville du 27 au 30 avril.
«La prise en considération des femmes dans le Nepad s’est beaucoup trop fait attendre, a reconnu le professeur Wiseman Nkuhlu, président du Comité directeur du Nepad. Il fallait réparer cette erreur. » Du 27 au 30 avril, un « Forum sur le genre », c’est-à-dire la parité hommes-femmes, s’est donc tenu à Libreville. C’était la première fois que le Nepad organisait un événement de cette ampleur en Afrique centrale.
Ont participé aux débats certaines premières dames d’Afrique (celles du Gabon, du Sénégal et de la Zambie), les ministres chargées de la Condition féminine et de la Famille (Gabon et Algérie), les conseillères gouvernementales ou les représentantes d’associations de femmes. L’accent a été mis sur l’éducation des jeunes filles, la santé des femmes et leur participation à la vie politique, enjeux « nécessaires » pour le développement du continent, comme l’a rappelé Viviane Wade, épouse du président sénégalais.
En marge du forum, Edith-Lucie Bongo, l’épouse du chef de l’État gabonais, a réuni le comité directeur de l’Organisation des premières dames d’Afrique contre le sida (OPDAS), dont elle est la présidente depuis sa création en juillet 2002. En présence de la Zambienne Maureen Mwanawasa et de la Rwandaise Jeannette Kagamé, les représentantes des cinq sous-régions sont convenues de domicilier le siège de l’organisation à Libreville en attendant la prochaine assemblée générale. Et ont rappelé les initiatives qu’elles soutenaient d’ores et déjà dans leur sous-région (300 000 dollars ont déjà été récoltés en faveur des femmes violées pendant le génocide rwandais, par exemple).
La tenue concomitante des deux événements, si elle présentait l’avantage de faire participer les épouses des chefs d’État à la réunion du Nepad, lui donnant ainsi une grande visibilité, a quand même semé le trouble et compliqué l’organisation du forum. La volonté des premières dames de prendre une grande part dans les débats et de se poser comme les porte-drapeaux féminins des populations dont leurs maris sont les dirigeants a un peu éclipsé les travaux eux-mêmes. Les organisateurs n’avaient pas prévu qu’elles ne se contenteraient pas de faire de la figuration et relégueraient au second plan les représentantes de la société civile.
Néanmoins, le forum aura permis aux responsables du Nepad d’expliquer aux femmes les objectifs de cette nouvelle vision du développement de l’Afrique, fondée sur une coopération renouvelée avec les puissances occidentales. « Nous ne devons pas nous attendre à ce que les hommes qui nous gouvernent soient des féministes, a déclaré Boutheïna Cheriet, ministre algérienne déléguée à la Condition féminine et à la Famille. S’ils ne le sont pas, c’est à nous de nous lever pour dire : si vous voulez vraiment aller vers le développement de nos sociétés, nous sommes là pour le faire avec vous. Incluez-nous dans vos projets. »
Autant de sujets qui seront certainement évoqués lors du sommet du G8, qui se tiendra du 1er au 3 juin à Évian, en France, si le président Chirac tient sa promesse d’inscrire le développement de l’Afrique au coeur des débats.
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