Eric Wang : « L’Afrique dispose de la main d’œuvre ; la Chine, des technologies »
Le vice-président et secrétaire général du China-Africa Business Council (CABC) fait le point sur l’état des échanges entre son pays et le continent, ainsi que sur les secteurs les plus porteurs.
Les promesses africaines de la Chine
Une diplomatie économique plus efficace, un secteur privé appelé à s’engager davantage, une communauté d’expatriés de plus en plus nombreuse… Pékin veut impulser un nouvel élan à ses relations avec le continent.
Jeune Afrique : Notez-vous une accélération de la présence du secteur privé chinois en Afrique ces dernières années ?
Eric Wang : À mesure que les entreprises chinoises apprennent à connaître le marché africain, leur modèle de coopération n’est plus essentiellement axé sur le commerce, mais de plus en plus sur l’investissement. Selon les chiffres du ministère du Commerce (Mofcom), elles détiennent près de 70 % de la valeur des investissements chinois en Afrique. Aujourd’hui plus de 10 000 sociétés chinoises sont présentes sur le continent. Essentiellement des PME, mais nous constatons un intérêt grandissant des « 500 plus grandes entreprises » pour le continent. Compte tenu de leur expertise et de leur puissance financière, il y a fort à parier qu’elles joueront un rôle de premier plan dans la poursuite de l’industrialisation et du développement économique de l’Afrique.
Quels sont les secteurs d’activité les plus intéressants pour les sociétés chinoises ?
Les premiers investissements se sont concentrés sur les domaines traditionnels de la construction, de l’exploitation minière, des textiles et du cuir sur lesquels la Chine possède une forte tradition, ainsi que de la finance. Fin 2019, le total des investissements directs réalisés par les entreprises chinoises sur ces secteurs s’élevaient à près de 38 milliards de dollars, soit 85,5 % des montants chinois investis en Afrique. Avec la croissance de l’économie africaine, nos entreprises ont étendu leur intérêt à certains domaines émergents dans les services, les énergies nouvelles, l’environnement. Et nous constatons que cette diversification se poursuit aujourd’hui dans l’agriculture, l’industrie légère (automobile, médicaments, composants électroniques…), l’énergie et surtout le numérique suivi de très près par nos entreprises.
Lors du Focac de Dakar, dix milliards de dollars ont été promis pour accroître le développement industriel de l’Afrique. Quelle sera la contribution du secteur privé chinois dans ce domaine ?
Les entreprises jouent un rôle très positif dans le développement et la modernisation des parcs industriels à travers le continent. Je pense que nous allons assister à l’émergence d’un modèle basé sur la multi-participation, avec des entreprises soutenues par les banques et les autorités publiques, et accordant de plus en plus d’attention aux projets de taille modeste. Les économies chinoises et africaines sont très complémentaires. L’Afrique dispose de la main d’œuvre ; la Chine, des technologies et avec l’augmentation progressive des coûts de production des entreprises chinoises, de plus en plus de produits manufacturiers de bas et moyen de gamme, destinés à la Chine ou au reste du monde, seront fabriqués par des entreprises africaines.
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