Journal de l’après-guerre

Publié le 5 mai 2003 Lecture : 2 minutes.

Tel-Aviv a demandé, dès le 10 avril, au lendemain de la chute de Bagdad, la réouverture du pipeline qui relie – via la Jordanie – Mossoul, au nord de l’Irak, à Haïfa, en Israël. Formulé par le ministre israélien des Infrastructures, Yosef Paritzky, ce souhait, s’il aboutissait, permettrait à l’État hébreu, qui importe 80 % de son or noir de Russie à un prix d’acheminement très élevé, de réduire de 20 % sa facture pétrolière.
Construit en 1934 lors du mandat britannique, le pipeline part de Mossoul, suit une ligne parallèle à la frontière syro-irakienne pour se diviser en deux à Haditha, en Irak : le premier embranchement passe par la Syrie et atteint Tripoli, au nord du Liban ; le second, achevé en 1936, traverse la Jordanie et arrive à Haïfa. La réouverture de l’oléoduc, fermé depuis 1948, suppose un immense et coûteux travail de réfection.
Outre la portée économique, le ministre israélien a souligné l’intérêt stratégique d’une telle mesure, car elle permettrait à l’État hébreu de nouer des alliances économiques et pétrolières régionales (plus précisément avec la Jordanie), et de sortir progressivement de son isolement.
L’exploitation de ce pipeline ferait aussi l’affaire des États-Unis, qui pourraient ainsi importer une partie de leur pétrole via Israël et non plus à partir du golfe Persique, dont Washington veut s’affranchir.
Mais le projet semble prématuré. Tout d’abord, d’un point de vue irakien, l’exploitation du pipeline Mossoul-Haïfa ne rapporterait pas énormément à l’Irak en termes de bénéfices. Comme le précise, dans le Financial Times du 10 avril, Manoucherhr Takin, un analyste du Centre d’études globales énergétiques, basé à Londres, l’ancienneté du pipeline, sa faible capacité de rendement et le fait que l’Irak a déjà d’autres oléoducs en état de fonctionnement ne représentent pas des facteurs favorables à une éventuelle réhabilitation. « Avec tous ces pipelines, il n’y a pas assez de capacité pétrolière pour justifier l’ouverture d’un autre », ajoute-t-il. À moins, et c’est ce que souhaitent les Israéliens, que les Américains intègrent ce projet dans le programme de reconstruction de l’Irak.

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