Indispensable mise à niveau

Publié le 6 mai 2003 Lecture : 2 minutes.

«Docteur Socrates, qui fut le meneur de jeu de la Seleção brésilienne de 1982 à 1986, n’a pas l’habitude de mâcher ses mots. Alors que le Brésil est champion du monde et que ses stars s’illustrent sur tous les stades de la planète, il n’hésite pas à déclarer : « La Coupe du monde est une compétition isolée. Elle n’est pas représentative de l’état de notre football national, lequel, à sa base, est complètement en jachère et entièrement corrompu par de nombreux dirigeants. Le talent jaillit de partout, mais comment le faire fructifier au sein de structures aussi délabrées ? »
Jospeh-Antoine Bell et Roger Milla pourraient en dire autant du football camerounais. Le pays a pris part à cinq phases finales de Coupe du monde depuis 1982, mais dont les structures sont indignes de sa réputation. Khalilou Fadiga ou El Hadji Diouf seraient, pour leur part, d’accord pour affirmer que le parcours des Lions, lors du Mondial 2002, ne reflète nullement les réalités du football sénégalais. Augustin Okocha et Nwankwo Kanu pourraient leur emboîter le pas au sujet du Nigeria. Et les exemples ne manquent pas.
En fait, le talent semble bien constituer l’unique richesse du football africain. Bien sûr, l’absence ou la faiblesse des structures et des moyens n’ont pas empêché les footballeurs du continent de bien jouer et, parfois, de briller dans les compétitions internationales. Mais elles bloquent toute progression durable. Et ce ne sont pas les caricatures de réformes, entreprises ici et là, qui apporteront la solution.
Le football africain est d’abord malade de la « politique du ventre ». L’argent du ballon rond, qu’il provienne des fonds publics, du privé (mécénat ou commercialisation) ou des institutions continentale et mondiale, a horreur de la transparence. Pourtant, on sait que la CAF offre une belle prime aux lauréats de la Ligue des champions, et la Fifa, dans le cadre de son Programme d’assistance financière, verse depuis 1999 une subvention de 1 million de dollars étalée sur quatre ans à chaque association nationale affiliée, et 10 millions de dollars à chacune des six confédérations. Les dirigeants ont beau jurer qu’ils ne tirent aucun profit matériel du foot, ils auront en revanche du mal à affirmer que les succès de leurs équipes nationales ou de leurs clubs n’ont pas permis une amélioration notable de leur train de vie ou de leurs affaires privées. Tous savent que conquérir un poste au sein d’une fédération ou d’une organisation internationale permet de bénéficier d’une confortable rente de situation. La carrière n’est plus seulement synonyme de notoriété. Elle rapporte. Bien et longtemps. Alors les projets sportifs…
Enfin, le football africain est fâché avec l’organisation tout court. Il y a dans ce domaine une carence récurrente de savoir-faire en comparaison avec ce qui se passe en Europe ou en Asie. L’improvisation et le laxisme sont, hélas ! bien ancrés dans les moeurs, et cela y compris dans certains des pays candidats à l’accueil de la Coupe du monde 2010. Au plan national ou continental, on néglige trop souvent les contraintes de la logistique, et la préséance l’emporte sur la compétence. À ce jour, et on ne peut que le déplorer, le football africain manque encore cruellement d’organisation. Il reste encore sept ans pour se mettre à niveau.

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