Héraut de la lutte contre le sida
Publié le 5 mai 2003 Lecture : 2 minutes.
L’hebdomadaire américain Time Magazine en a fait l’un de ses… héros européens (l’Afrique du Sud serait-elle en Europe ?). L’ancien président Nelson Mandela l’avait déjà élevé au rang de « héros national ». Président du TAC (Treatment Action Campaign), âgé de 40 ans, homosexuel et séropositif depuis 1990, souffrant du sida depuis 1997, Zachie Achmat a décidé de refuser tous les médicaments antirétroviraux qui pourraient prolonger sa vie, aussi longtemps que le gouvernement de son pays ne permettra pas aux pauvres de s’en procurer gratuitement. Zachie n’est pas un illuminé, il n’est pas suicidaire non plus. Il est simplement un homme ordinaire qui fait passer sa propre survie après celle des autres. « Le pays prend conscience que les gens peuvent s’acheter leur vie s’ils ont de l’argent, et c’est inacceptable. »
Mandela lui a rendu visite et l’a supplié de se soigner, mais même à un visiteur aussi prestigieux, il a dit « non ». Son seul traitement aujourd’hui : les gâteaux au chocolat qui lui procurent des protéines ! Une fois déjà, il a failli mourir et s’en est tiré, mais ses amis pensent qu’il n’y aura pas de miracle deux fois. Quatre millions et demi de Sud-Africains sont porteurs du virus, 36 000 sont morts en 2001 et 70 000 bébés naissent chaque année séropositifs. Johannesburg manque tellement de place pour enterrer les morts qu’on pense utiliser une ancienne mine désaffectée pour en faire des « catacombes ». Zachie milite depuis son enfance : il a d’abord lutté contre l’apartheid (il avait essayé de mettre le feu à son école), puis défendu les homosexuels. Souvent emprisonné, il avoue : « Oui, j’ai été un travailleur du sexe. » Il ne comprend pas l’attitude du président Thabo Mbeki, mais il pense que celui-ci refuse de croire que les gens, en Afrique, ont de fréquentes relations sexuelles. Grâce à Zachie, le gouvernement semble évoluer légèrement, mais il continue à faire comme si ce n’était pas le VIH qui cause la maladie et comme si les antirétroviraux ne pouvaient qu’être toxiques – c’est ce que prétend le président… Le temps presse. Les amis de Zachie Achmat espèrent que le gouvernement n’attendra pas sa mort, ce qui serait catastrophique pour son image.
