Des intérêts pas toujours sportifs

Publié le 6 mai 2003 Lecture : 2 minutes.

Hier, les mécènes qui accédaient à la présidence d’un club se contentaient de privilèges honorifiques et d’une éventuelle autorité sur des joueurs célèbres. Leur ont succédé des hommes d’affaires « sérieux » ou des politiciens en mal de notoriété, soucieux de rentabiliser sur tous les plans leur « investissement ». Cette quête de résultats se traduit, sur le terrain comme en dehors, par l’adoption de moyens de nature à limiter au maximum les risques de défaite. Cela explique sans doute la multiplication des contestations et des incidents, surtout en Ligue des champions.
L’année 2002 aura aussi témoigné de la fragilité et de la versatilité des dirigeants des associations nationales africaines. Un peu partout, ils ont accédé au pouvoir à l’issue d’élections tronquées ou manipulées par l’autorité de tutelle. Ils ne jouissent d’aucune autonomie réelle, et leur longévité dépend des résultats de la sélection nationale. Depuis 1999, la Fifa accorde chaque année une subvention de 250 000 dollars à toutes les fédérations dans le cadre du Programme d’assistance financière. Et les ministres des Sports exigent une part de la galette. La Fifa se retrouve alors souvent à devoir trancher des conflits d’autorité.
L’année dernière, le président de l’organisation s’est mis en quatre pour séduire les responsables africains. « Si tu combats avec une épée d’argent, tu seras toujours vainqueur » : cet adage, le Suisse Joseph Blatter l’a repris à son compte durant la campagne électorale pour la présidence. Distribuant les enveloppes du programme d’assistance dénommé « Goal » et multipliant les tournées, il a gagné à sa cause plus des deux tiers des électeurs africains et l’a emporté haut la main, le 29 mai à Séoul, face à son rival Issa Hayatou, par 139 voix contre 56. « J’ai été déçu, comme tout candidat malheureux, reconnaît le Camerounais. Mais pas tant par le fait d’être battu que par le comportement des Africains, qui m’avaient poussé à me présenter et dont une moitié au moins ne m’a pas soutenu. » On se souvient qu’à Accra, le 20 janvier 2000, Issa Hayatou avait été réélu à la présidence de la CAF par 47 voix contre 4 pour son challenger l’Angolais Armando Machado.
En janvier 2004, la CAF tiendra sa vingt-sixième assemblée générale à Tunis. Des élections auront lieu. Et la bataille a déjà commencé. Le 12 mars, à Johannesburg, le Botswanais Ismaël Bhamjee, soutenu par l’Afrique du Sud et par, dit-on, les décideurs de la Fifa, a annoncé sa candidature à la présidence. D’autres sont en embuscade. Quant à l’inénarrable et Saadi Kadhafi, le fils du « Guide suprême » libyen, il ne cache pas sa volonté de noyauter la CAF pour la « révolutionner » [sic]. Sa réelle capacité de nuisance risque de mettre à mal la fragile unité du football africain.

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