Dans la peau d’une Afghane
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En Afghanistan, sous le régime des talibans, les journalistes scandinaves n’étaient pas légion. La Norvégienne Åsne Seierstad faisait figure d’exception. Elle en a d’ailleurs tiré le meilleur profit. Son ouvrage Le Libraire de Kaboul connaît un succès unique dans son pays, où il a été vendu à plus de 120 000 exemplaires depuis septembre 2002. Il est paru en France le 2 mai et sera publié prochainement dans une douzaine de pays.
Pour écrire son livre, Åsne Seierstad a partagé plusieurs mois, au début de 2001, la vie d’une famille kabouliote. Elle a revêtu le fameux burqa pour se mettre dans la peau d’une Afghane, et a participé directement aux événements dont elle fait le récit : voyages d’affaires au Pakistan, visites au commissariat de police et à la prison, emplettes au bazar, séances au hammam…
Le vrai héros de l’histoire s’appelle Sultan Khan. Sa vie est racontée sous tous ses aspects, depuis l’occupation soviétique, en 1979, jusqu’à la chute des « étudiants en religion » sous les bombardements américains en décembre 2001. Il a connu les emprisonnements, les autodafés et les pillages, tout en restant un commerçant redoutable. Pendant la guerre civile des moudjahidine, en 1992, sa boutique ayant été dévastée, il a racheté des ouvrages volés lors du sac de la bibliothèque nationale, ce qui lui a permis de faire de juteux profits.
Aujourd’hui, les affaires de Sultan Khan marchent bien. Il est à la tête de trois librairies, imprime des cartes postales et édite des livres étrangers sans se préoccuper des droits de reproduction. C’est aussi ça, l’Afghanistan.
Le Libraire de Kaboul, de Åsne Seierstad, éditions Lattès, traduit du norvégien par Céline Romand-Monnier, 376 pp., 20 euros.
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