« Arrêtez le massacre, Monsieur Bush ! »

Révolté par la position américaine sur le conflit israélo-palestinien, un lecteur tunisien adresse ce message au président des États-Unis.

Publié le 6 mai 2003 Lecture : 2 minutes.

Aujourd’hui, dans un combat inégal que ne peut avoir désiré ni provoqué un peuple sans défense ni protection, un génocide froidement conçu et lâchement perpétré sous le perfide prétexte de lutte antiterroriste vise à anéantir la Palestine et à confisquer toute sa terre. Seuls les États-Unis, qui s’imposent – comme l’exige Israël – en arbitre dans les négociations de paix, peuvent et doivent l’arrêter. Mais dès votre arrivée à la Maison Blanche, votre indifférence révélait déjà un parti pris annonciateur de catastrophes. Vous avez cédé au lobby sioniste, tourné le dos au processus de paix et sciemment livré les Palestiniens en pâture à l’arrogance et à la cruauté des extrémistes israéliens.
La doctrine raciste et les méthodes hitlériennes du général Sharon ne semblent pas vous poser de problème. À celui que vous appelez sans gêne votre ami vous paraissez avoir pardonné les innombrables crimes de guerre, les massacres de Sabra et Chatila hier, Jénine aujourd’hui et qui sait quoi encore demain. Pour vous, Sharon, le chef du « klan » qui a assassiné Rabin, remis en cause les accords d’Oslo, provoqué la violence et entretenu son escalade, est un « homme de paix ». Pour vous, l’extermination de dirigeants palestiniens, les massacres, les démolitions sont des actes de légitime défense. Et vous continuez de demander aux Palestiniens de faire des concessions et de désarmer leurs résistants que vous vous obstinez à qualifier de terroristes. C’est cynique, inhumain, inadmissible et révoltant.
Bizarre voire suspecte est votre façon de voir le terrorisme, abominable fléau qui menace de se généraliser à travers le monde, tant votre politique le suscite et l’anime. Pour vous, le terroriste est celui qui se sacrifie, désespérant de vous voir un jour lui reconnaître le droit de vivre dans la dignité, même sur le peu qui lui reste de sa patrie confisquée. Pour vous, le terroriste n’est pas Sharon qui chasse sans répit un peuple de sa terre par la terreur au mépris des lois internationales et des résolutions de l’ONU.
Quel amalgame ! Quelle supercherie et quel mépris du droit et de l’homme ! L’amalgame est de comparer cette horreur du 11 septembre 2001 aux actes de résistance palestinienne. La supercherie, c’est lorsque Sharon veut faire croire au monde que les récents attentats en Israël justifient la « solution finale ». La réalité, c’est que le rapport de force ne laisse guère aux opprimés le choix des moyens et des armes dans leur légitime révolte.
Le droit du peuple palestinien à un État et à un territoire a été défini et reconnu par l’ONU. Ce droit se heurte encore au refus arrogant d’Israël et au veto des États-Unis, la patrie de Thomas Jefferson. L’arbitraire est la pire des violences et n’enfante que terreur. Seule la justice peut assurer une paix durable. Sans quoi, l’Histoire ne vous pardonnera pas et vous jugera, vous et vos prédécesseurs, responsables et coupables.
La vérité la plus difficile à écouter est celle qu’on a le plus besoin d’entendre. Vous soutenez le mal et préparez le pire. Vous culpabilisez à votre guise et diabolisez sans retenue des proies faciles. Par respect pour la mémoire des innocentes victimes, il est indécent d’user des attentats du 11 septembre 2001 comme prétexte au terrorisme d’État.

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